64 – L’Ecosse, mais pas trop

Durant les 6h que durent notre vol entre New York et Edimbourg, nous avons largement le temps de penser à notre voyage, puisque nous ne parvenons pas à fermer l’œil. Sommes nous vraiment conscients de rentrer en Europe, de n’être plus qu’à quelques semaines du retour à la maison ? D’être loin de l’Amérique du Nord, et encore plus de l’Asie, que nous ne reverrons pas avant plusieurs années, voire jamais ? Pas sûr. La perspective de pouvoir se reposer bientôt dans notre lit, sans avoir à chercher de la nourriture et un toit, reprendre un train de vie routinier n’est pas pour nous déplaire. Et pourtant, nous redoutons ce retour à la vie normale. Les journées risquent d’être longues, dénuées d’intérêt, vides de sens. Notre esprit alterne entre ces deux sentiments, et nous sommes bien incapables de dire lequel est le plus fort…

Trêve de tergiversions, nous voici arrivés à Edimbourg, capitale Ecossaise, à 9h heure locale. Nous avons passé une nuit blanche, et nous sommes exténués par ce voyage en avion, à supporter de grosses turbulences dont certaines ont fait ouvrir les coffres à bagages. Mais la journée est loin d’être terminée. Nous avons fait des demandes d’hébergement sur le site internet Couchsurfing, et nous avons eu une réponse « peut-être ». Après avoir attendu désespérément plus de 2h à l’aéroport une réponse plus précise, nous décidons de nous rendre dans le centre-ville d’Edimbourg, confiants. Mais c’est un gros risque, car si cette personne ne nous réponds pas avant que la nuit tombe, nous serons totalement bloqués dans la capitale, sans aucune possibilité pour nous loger.

Nous sommes bien à l’extérieur de la ville, et nous devons rejoindre le centre-ville en auto-stop. Heureusement, après seulement une demi-heure, nous montons dans la voiture d’un étudiant chinois qui nous emmène directement à destination.

Bienvenue en Ecosse !

Nous n’avons pas la force de visiter la ville ce jour-là, avec la fatigue et le poids de nos sacs à dos. Nous nous achetons donc à manger (avec un plaisir non dissimulé de retrouver les prix européens et les aliments que l’on connaît !) et nous nous installons dans un parc pour patienter le reste de la journée. Il ne fait pas très chaud (à peine 15 degrés) mais nous n’avons aucun autre endroit pour nous reposer.

En fin d’après-midi, la situation ne s’est toujours pas débloquée et nous décidons de quitter la ville en bus, peu importe la destination, et d’aviser plus tard. Une fois arrivés à la station de bus, nous vérifions une dernière fois nos messages. Et c’est la délivrance, la réponse sur Couchsurfing est enfin positive, nous avons un endroit où dormir ! Malheureusement notre hôte travaille tard, et nous allons devoir l’attendre encore de longues heures. Nous qui ne rêvions que d’une chose : dormir, ça semble mal parti. Mais au moins, nous savons que nous aurons un lit bien au chaud pour deux nuits.

Nous nous installons dans un parc à côté de l’endroit où nous devons la retrouver le soir (en mangeant avec régal du pain et du chocolat) et essayons de dormir un peu. Mais vu la température assez basse, c’est peine perdue. Vers 20h30 nous nous rendons au point de rendez-vous. Wezi nous envoie un message pour nous dire de l’attendre à l’intérieur du bâtiment. Il s’agit en réalité d’une grande cour intérieure, dans lequel un food court rassemble beaucoup de monde. On s’installe dans un coin et on attend. Longtemps. Les minutes défilent et on se décompose. Et si on nous avait posé un lapin ? On serait alors totalement bloqués sans aucune porte de secours (puisque les hôtels sont beaucoup trop chers dans la capitale, et qu’il est de toute façon trop tard pour trouver une chambre). Notre esprit fatigué nous pousse à penser négativement et on s’enfonce petit à petit dans notre paranoïa.

Vers 21h30, une jeune femme s’approche de nous et se présente. Il s’agit enfin de notre hôte, Wezi ! Elle s’excuse de son retard et nous explique qu’elle est productrice de spectacle, et qu’en ce moment c’est le festival d’Edimbourg, le deuxième plus gros festival artistique du monde, durant lequel elle organise deux spectacles. Du coup, elle a vraiment beaucoup de travail et n’a pas réussi à se libérer plus tôt… On a vraiment été mauvaise langue et on s’en veut. Cette tendance à la négativité est vraiment caractéristique de notre état d’esprit du moment, et un signe que le voyage doit bientôt se terminer.

Comme elle ne peut pas encore rentrer chez elle mais qu’elle se rend compte que nous sommes épuisés, elle a la gentillesse de demander à une de ses amies de nous emmener en voiture. Une fois arrivés, nous faisons la connaissance de ses adorables tantes qui vivent avec elle, ainsi qu’un couple d’Américains également hébergé grâce à Couchsurfing. En l’absence de leur nièce, les tantes de Wezi prennent les choses en main et nous installent confortablement dans une chambre privée. Nous essayons de discuter avec elles le plus longtemps possible. Nous sommes reçus avec tellement de gentillesse que nous ne voulons pas paraître impolis en allant nous coucher tout de suite. Mais vers 23h, ne tenant plus, nous nous excusons et partons rejoindre notre chambre avec un soulagement difficilement dissimulé. Cela fait 48h que nous n’avons pas dormi…

Le lendemain on ne se réveille qu’à midi, l’esprit encore brouillé de fatigue par le décalage horaire. On se force à sortir du lit pour prendre un petit déjeuner malgré l’heure tardive. On discute un moment avec le couple d’Américains, seules personnes présentes dans la maison. Wezi a dû repartir travailler tôt.

En début d’après-midi on décide d’aller enfin visiter le centre-ville d’Édimbourg qu’on a simplement survolé la veille. Le festival attire tant de monde que les rues sont quasiment impraticables. Mais le beau temps nous permet tout de même de profiter de cette superbe ville.

Retrouver une ville typiquement européenne, avec ses rues pavés et ses bâtiments en pierre nous fait chaud au cœur. La dernière que nous avons vu de ce style était Québec. Mais malgré les ressemblances flagrantes avec une petite ville bretonne, il y avait toujours un petit quelque chose, un détail qui nous rappelait que nous n’étions pas en Europe. Il n’y a que dans cette partie du monde que l’on peut trouver des villes avec une telle architecture. Même s’il nous est difficile d’expliquer en quoi Édimbourg marque notre esprit à ce moment-là, nous savons que nous ne regrettons absolument pas d’avoir fait ce petit détour avant de rentrer à la maison.

La ville est surplombée par un magnifique château qui le domine de toute sa longueur. Nous montons le long chemin qui mène jusqu’à son entrée, comme des centaines d’autres touristes. Mais devant le prix demandé pour continuer dans l’enceinte du château, nous préférons faire demi-tour et lever les yeux une fois en bas. Après-tout, n’est-ce pas le meilleur endroit pour pouvoir l’observer dans son ensemble ?

Nous passons toute l’après-midi à déambuler avec plaisir dans les belles rues de la capitale Écossaise.

En fin de journée on reprend le bus pour rentrer chez Wezi, qu’on ne croise toujours pas de la soirée. On se prépare à manger avant d’aller se coucher assez tôt. On a encore du sommeil à rattraper.

On ne devait rester que 2 nuits chez Wezi, mais après avoir discuté avec elle par sms, elle accepte qu’on reste 2 nuits de plus. On en profite donc pour prendre une journée de repos supplémentaire et se lever encore à midi. Dans l’après-midi on part se balader un peu à pied autour de chez elle. Mais faute d’endroit intéressant à visiter le tour est vite fait et on passe le reste de l’après-midi à regarder des vidéos et lire dans la chambre. En fin de soirée on discute un peu avec les tantes de Wezi avant de partir se coucher.

Pour notre dernier jour à Édimbourg, on retourne une dernière fois dans le centre-ville en bus (en début d’après-midi seulement, il ne faut pas trop nous en demander !). On décide d’aller visiter le Musée National d’Ecosse, gratuit pour tous.

On y trouve à peu près de tout, reparti dans différentes salles dédiées ayant pour thème l’astronomie, la mécanique, la technologie, l’histoire, la faune, la mode et bien d’autres encore.

Tout est bien organisé et expliqué. On passe un très bon moment de découverte jusqu’à la fermeture à 17h.

Puis, on fait de nouveau des courses pour notre repas du soir (la nourriture européenne nous avais décidément bien manquée !) avant de rentrer chez Wezi. On l’aperçoit enfin un peu, pour la première fois de notre séjour, et on passe un petit moment à discuter avec elle avant d’aller se coucher. Nous lui sommes vraiment reconnaissants de nous avoir laissé la possibilité de nous reposer chez elle pour nous remettre du décalage horaire avant de reprendre la route. Mais nous aurions aimé pouvoir passer un peu de temps avec elle. Dommage que nous soyons tombés en plein dans la période la plus chargée pour elle.

Le lendemain, on part enfin d’Édimbourg pour rejoindre la deuxième plus grande ville d’Écosse : Glasgow. On avait prévu de partir assez tôt, mais le Jet Lag semble décidément un peu trop dur à surmonter cette fois-ci. Ce n’est donc qu’après avoir prit le petit-déjeuner, mais aussi le déjeuner, qu’on quitte la maison vers 14h. On marche plus d’une demi-heure avant de s’installer sur le bord de la route. On est encore en ville mais Edimbourg est vraiment trop étendu pour rejoindre la sortie. Heureusement, on trouve une voiture au bout de 45 minutes qui nous emmène à Livingston, à une vingtaine de kilomètres de là. Puis on rencontre les premiers Ecossais pure souche de notre séjour dans le pays. Il s’agit d’un père et de sa fille qui nous conduisent directement à Glasgow. On entend aussi pour la première fois le vrai accent écossais.

Depuis notre départ on s’est beaucoup amélioré en anglais. Nous qui parlions à peine cette langue universelle, nous voici désormais capables de tenir une conversation complète sans aucun problème. On a traversé beaucoup de pays dont l’anglais est la langue maternelle, et où il était parfois un peu compliqué de se comprendre quand notre interlocuteur parlait trop vite. Mais aucun accent, que ce soit l’Australien, le Néo-zélandais, le Canadien, l’Américain ou encore bien d’autre, ne ressemble de près ou de loin à l’Ecossais. On pensait être capables de comprendre n’importe quel anglophone après 15 mois de voyage. Mais ça, c’était avant… L’accent Ecossais est tellement dur qu’on croirait une langue totalement différente (elle l’est d’ailleurs en partie, puisque certains mots sont empruntés au Gaélique Écossais, qui est plutôt oublié dans les grandes villes, tandis qu’il est encore assez présent dans les Highlands au Nord).

Malgré tout, on passe un très bon moment avec nos chauffeurs, même si on ne comprend pas tout ce qu’ils nous disent. Le père dépose sa fille dans le centre-ville où un festival de musique celtique se tient, puis nous emmène directement chez notre hôte Couchsurfing dans les faubourgs de Glasgow.

Ezequiel est un étudiant en chimie originaire du Mexique. Il nous accueille avec beaucoup de gentillesse, même s’il n’a malheureusement pas beaucoup de temps à nous accorder pour le moment, car il doit réviser pour un examen important.

En fin de soirée il fait une pause dans son travail et nous emmène voir son Université. On se croirait vraiment à Poudlard (l’école de sorcellerie de Harry Potter), elle est magnifique. Si seulement nos Universités françaises pouvaient ressembler à ça…

Puis, sur le retour, on s’arrête boire un coup dans une église. Oui oui, un pub dans une église. On en a vu des transformations de bâtiments religieux durant le voyage (on a même dormi dans une église-maison en Allemagne), mais celle-ci est vraiment unique. L’ambiance cosy s’adapte parfaitement au calme de ce lieu majestueux. Un vrai moment de détente que nous passons avec notre adorable hôte.

Petite ruelle très chaleureuse sur le chemin du retour

 

Le lendemain on passe la journée seuls, puisque Ezequiel doit de nouveau réviser. On se rend dans le centre-ville à pied, à environ 3km de là. Glasgow n’est pas aussi intéressant qu’Edimbourg, ce sont surtout de longues allées commerciales et de jolis parcs bien entretenus.

On y passe tout de même toute l’après-midi à flâner. Certains bâtiments sont malgré tout très jolis et méritent bien une petite photo.

Sans doute l’humour écossais…

 

Comme on le savait déjà grâce à nos chauffeurs de la veille, un festival international de musique celtique se tient à ce moment-là à Glasgow. Nous qui adorons ce genre de musique grâce à nos origines bretonnes, on passe un long moment à écouter les groupes qui sont installés dans les rues de la ville. On a la chance d’y croiser un groupe mythique : les Clanadonia, dont la notoriété n’est plus à démontrer dans le monde de la musique celtique internationale.

Après avoir fait ce qui semble être le tour complet du centre-ville, on rentre à pied chez Ezequiel, avec qui on passe une soirée courte mais très sympa.

Le lendemain, on avait prévu de commencer notre descente vers le Sud, en direction de l’Angleterre. Le problème c’est qu’il est prévu de la pluie toute la journée, chose qui ne nous aurait pas freiné avant, mais comme on est devenus un peu feignants on demande à Ezequiel la possibilité de rester une nuit supplémentaire à Glasgow. On ne fait rien de plus, à part se reposer en observant la pluie tomber à travers les fenêtres de son appartement.

Le jour suivant on n’a plus le choix, on doit reprendre la route puisqu’un hôte Couchsurfing nous attend ce soir-là côté anglais, à Birmingham. Le problème, c’est que la ville se trouve à plus de 700 km de là… Parcourir cette distance en auto-stop nous paraît insurmontable, surtout qu’il n’est pas réputé pour être très simple au Royaume-Uni. On décide donc de s’y rendre en bus, sans même avoir essayé de lever le pouce au bord de la route. A ce stade du voyage, on saute sur la moindre occasion de confort qui se présente à nous.

Notre bus est à 11h et on s’y rend à pied. On quitte donc notre hôte en milieu de matinée, après avoir échangé un dernier petit déjeuner amical avec lui. On marche environ 30 minutes pour rejoindre la gare routière.

Le trajet vers le dernier pays de notre Tour du Monde dure sept heures. Sept longues heures durant lesquelles on regrette vraiment de n’avoir pas eu le temps de monter au Nord de l’Ecosse, dans les Highlands, le rêve de Florine. On n’a pas vu la « vraie » Ecosse, même si on a beaucoup apprécié notre visite d’Edimbourg (un peu moins de Glasgow). Mais on n’avait pas le choix. La date de notre retour en France est déjà posée, et toute la famille nous attend dans une dizaine de jours, alors qu’on a encore toute l’Angleterre à traverser.

Mais l’Ecosse n’est vraiment pas très loin de la France, alors espérons qu’un jour on aura l’occasion d’y revenir, et de monter enfin dans ces Highlands tant rêvées…

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