Le 16 mai, deux semaines après avoir récupéré notre van, nous voici au milieu du paysage sans doute le plus incroyable de toute la Nouvelle-Zélande : le Parc National Tongariro, et ses extraordinaires volcans. En particulier le Mont Ngauruhoe, qui culmine à 2 291 mètres et qui a servi de décor au Seigneur des Anneaux (pour changer). Vous connaissez « La Montagne du Destin » ? Et bien c’est celle-ci… Impressionnant non ?
Nous décidons d’emprunter le « Tongariro Alpine Crossing », un chemin de randonnée qui traverse le parc en offrant des panoramas à couper le souffle, et particulièrement fréquenté par les touristes.
Il ne s’agit pas d’une boucle mais bel et bien d’un chemin à sens unique de 19,4 km. Une fois arrivés de l’autre côté nous sommes censés prendre un bus pour nous ramener sur le parking de départ récupérer notre véhicule. Sauf que le prix exorbitant du bus et l’obligation d’arriver avant une certaine heure sous peine de ne plus en trouver de disponible nous fait longuement hésiter. Finalement, nous décidons de ne faire que la moitié du chemin (jusqu’au point culminant) et de rebrousser ensuite chemin afin de rentrer au parking.
Nous partons donc dés 8h du matin, sous le givre et au milieu d’une quantité déjà impressionnante d’autres marcheurs. Il fait tellement froid que les pas des randonneurs de la veille sont gelés dans la boue, et nous marchons sur une couche de glace qui nous fait trébucher à chaque tournant. Les conditions ne sont pas idéales, mais les jours suivants, la pluie est attendue et nous aurions prit le risque de ne pas pouvoir faire la randonnée. Et nous l’aurions vraiment regretté !
Les premiers kilomètres sont assez simples, puis le chemin aménagé disparaît, et nous continuons directement sur le sol volcanique, créé par les coulées de lave successives des dernières éruptions volcaniques (dont la dernière, du Mont Tongariro, date seulement de 2012 !).
Nous longeons le Mont Ngauruhoe, grandiose avec ses différentes couleurs au sommet.
Puis nous traversons un cratère d’environ 2km de long, avant de bifurquer du chemin basique pour amorcer l’escalade du Mont Tongariro (1 978 mètres). La montée est éprouvante. La température ayant augmentée depuis notre départ, le givre a fondu et le sol n’est plus qu’un amas de boue très glissant. Sans compter que le chemin est particulièrement pentu, et le vent n’arrange rien à l’affaire.
Mais lorsque nous arrivons en haut, nous oublions instantanément nos mains gelées et les courbatures, puisqu’un paysage absolument grandiose s’offre à nous. Face à nous nous avons le Mont Ngauruhoe, avec en fond le Mont enneigé de Ruapehu (2 797 mètres). Sans compter la couche de nuage très épaisse qui donne à l’ensemble une ambiance particulièrement étrange, presque effrayante.
C’est un paysage unique, comme nous n’en n’avons encore jamais vu.
Le vent s’est levé avec tellement de force que nous ne pouvons rester longtemps au sommet. Nous redescendons donc un peu en direction du chemin basique afin de manger nos sandwichs préparés la veille. Puis, nous retrouvons la foule de randonneurs pour nous diriger vers le point culminant de la randonnée, sur lequel nous sommes censés avoir une vue imprenable sur le parc, ainsi que sur le « Red Crater ».
Sauf qu’en arrivant en vue du cratère, un énorme nuage nous arrive dessus en quelques secondes. On ne distingue absolument plus rien ! En attendant que le temps se lève, nous continuons notre chemin, comme de toute façon nous devrons repasser par là au retour.
Nous partons donc vers les « Lacs d’émeraudes » avant de faire demi-tour. Mais problème : les lacs ont beau être à seulement 700 mètres de là, la descente pour les atteindre n’est pas rassurante. Heureusement, la cendre retient légèrement nos pas, mais c’est tout de même éprouvant, surtout après déjà plus de 10 km de marche.
Arrivés en bas, nous distinguons à travers les nuages deux lacs d’acide à la couleur émeraude improbable. Des fumerolles s’échappent des bords, et avec le temps qui ne semble pas décidé à se lever, l’ambiance globale est très étrange.
Après un moment, nous décidons de faire enfin demi-tour afin de rentrer. Nous ne regrettons pas de ne pas continuer le chemin jusqu’au bout, puisqu’il semblerait que nous ayons vu la plus belle partie de cette randonnée. En remontant au point de vue culminant (avec toujours autant de difficulté), nous pouvons enfin apercevoir le « Red Crater ».
C’est un magnifique cratère dont la couleur et la profondeur laissent perplexe.
Six heures après notre départ du parking, nous rebroussons donc chemin pour retourner à notre van. Nous sommes pratiquement les seuls à ne pas aller au bout, mais cela nous permet de revoir ce que l’on a déjà vu, avec un point de vue différent. Et nous apprécions tout autant la découverte, même si nous commençons à fatiguer physiquement. Nous croisons certaines personnes commençant seulement la randonnée. Nous ne comprenons vraiment pas leur choix, car ils risquent de se retrouver de nuit au milieu du parc…
Nous rejoignons le van un peu avant 17h, soit presque 9h de marche, pour 20km. Nous sommes épuisés par la marche, le vent et le froid, mais tellement heureux d’avoir effectué cette randonnée exceptionnelle, la plus belle de toute notre vie ! Et nous le recommandons fortement à tous ceux qui viennent découvrir la Nouvelle-Zélande.
Le soir, nous apprécions la douche, même s’il s’agit encore une fois d’eau froide tirée du lavabo de notre camping gratuit. Nous apprécions tout autant la nuit, qui nous permet de bien nous reposer après une journée si chargée.
Surtout que le lendemain, nous fêtons un grand événement : les 1 an de notre tour du monde ! Et oui, nous sommes le 17 mai 2017, et cela fait déjà un an que nous avons quitté la France. Nous en avons parcourus des kilomètres depuis ! Visité des choses que l’on pensait inaccessibles, rencontré des centaines de personnes et partagé avec eux des moments exceptionnels que l’on garde bien en mémoire. Et ce n’est pas encore fini ! Puisque nous sommes actuellement dans la partie du monde située exactement à l’opposé de la France ! Nous avons encore tant de kilomètres à parcourir pour rentrer…
Le bilan après cette année de voyage ? Nous ne regrettons absolument pas notre choix. C’est l’expérience d’une vie que nous garderons en mémoire pour toujours.
Malheureusement, cette journée anniversaire s’annonce bien maussade, puisqu’il va pleuvoir sans arrêt. Entre deux averses, nous avons juste le temps d’admirer les sources d’eau chaude et les lacs de boues bouillonnantes de la région de Rotorua.
Le midi, nous nous faisons un petit plaisir en nous achetant des pizzas ! Ça change des pâtes et autres féculents que l’on fait habituellement cuire dans notre toute petite cuisine. Notre deuxième plaisir de la journée : c’est un beau camping payant pour le soir, où nous avons droit à de belles douches chaudes, une cuisine commune et même un emplacement avec électricité ! (d’habitude, la batterie rechargée en roulant sert tout juste à faire fonctionner le frigo et les lumières. Pour les prises électriques, il faut trouver d’autres solutions).
Le lendemain, nous retournons dans le centre de Rotorua, afin de visiter le village Maori (population polynésienne autochtone de la Nouvelle-Zélande). C’est le premier village de ce type que nous croisons depuis notre arrivée dans le pays. C’est très coloré, propre et sympathique.
Comme nous sommes toujours en zone volcanique, de la vapeur s’échappe de partout, que ce soit des lacs, des caniveaux ou encore des jardins des maisons.
Puis nous reprenons la route, toujours en direction du Nord. A Hamurana, nous nous arrêtons faire une balade au milieu d’arbres gigantesques.
Dans le parc, il y a également un puits naturel dont la couleur presque transparente ne nous permet même pas de voir le fond. On nous apprend que l’eau de ce puits provient de plus haut dans la vallée, où elle ruisselle à l’intérieur du sol pendant plus de 70 ans avant de ressortir à cet endroit, et créer une superbe rivière qui ondule entre les arbres. C’est un endroit magique !
Puis, de nouveau, toutes nos journées suivantes se ressemblent. Nous devons rendre notre Van à Auckland, mais pas avant 10 jours. Nous décidons donc de ne pas nous y arrêter tout de suite, et de continuer jusqu’à la région du Northland, l’extrémité Nord du pays.
Sur la route, nous nous arrêtons comme d’habitude à plusieurs lieux touristiques : comme le Mont Maunganui à Tauranga, d’où nous avons une très belle vue sur les moutons et la ville environnante.
Tous les soirs nous changeons de camping : Ngawaro, Paeroa, Te Kauwhata, Port Albert etc.
Durant les quelques jours que nous passons dans le Northland, nous faisons plusieurs découvertes : les cascades de Piroa, les plages de Waipu Cove, les Abbey Cave (3 grottes reliées les unes aux autres par une rivière souterraine, que l’on ne tente pas de traverser, car on manque de matériel !), ou encore le centre de Paihia.
Nous renonçons à nous rendre au Cap Reinga (l’extrême pointe Nord du pays), car d’après les différents avis que nous avons reçus tout au long de notre séjour, il n’y a rien d’exceptionnel à y voir hormis quelques longues plages. Et c’est un détour de plusieurs dizaines de kilomètres. Du coup, pour profiter des derniers jours qu’il nous reste avant de rendre le van, nous continuons les petites balades tel que Kerikeri et ses belles « Rainbow Falls ».
En redescendant sur Auckland par la côte Ouest, nous nous arrêtons aux dunes de sable d’Ahipara, situées à hauteur de Kaitaia. Les dunes ne sont accessibles qu’à marée basse, et un véritable chemin (avec ses panneaux de signalisation) a été tracé sur le sable. La majorité des 4X4 et autres quad empruntent ce chemin, mais avec notre van nous préférons éviter. Nous nous contentons donc juste de nous garer sur la plage (ce qui est déjà un exploit, mais c’est un endroit parfait pour se reposer un moment et prendre un repas avec une magnifique vue dégagée) et de continuer la route à pied.
C’est étrange, car de tous les paysages que nous avons pu croiser depuis plus d’un mois, nous n’avons encore jamais vu de dunes. Décidément, la Nouvelle-Zélande nous offre de belles surprises que nous sommes toujours heureux de découvrir. Et Ahipara ne fait pas exception, ce sont de très belles dunes qui se détachent dans le ciel bleu qui semble nous suivre depuis quelques jours (même les nuits se sont réchauffées ! Et ça fait du bien).
Après avoir marché durant une petite heure, nous repartons à notre camping du soir…sauf que c’est le drame. Impossible de sortir de la plage, le van patine dans la montée. Nous sommes obligés d’aller un peu plus loin sur la plage et de prendre un autre chemin goudronné. Sauf que la pente est tellement abrupte que le bas de caisse touche le sol… heureusement sans dégât. Nous avons encore évité le pire !
Puis nous reprenons la route, mais cette fois-ci en sens inverse, en direction du Sud. Il nous reste 4 jours avant de rendre le van à Auckland et de prendre notre avion pour un nouveau continent. Mais avant ça, nous avons un petit problème à résoudre : notre pare-brise à changer (qui a prit un accro tout juste 24h après le début de la location). Nous nous y prenons assez tôt mais il est très compliqué de trouver un garage avec un rendez-vous rapidement, et surtout avec le pare brise disponible ! Nous faisons 3 garages avant d’en trouver un, qui s’occupe de nous pour 437 dollars seulement. Nous avions vraiment peur de payer plus cher et c’est une bonne surprise. Au final, nous aurions pris l’assurance proposée par l’agence de location, nous aurions payé plus cher. Nous ne regrettons donc rien.
C’est donc avec notre pare-brise tout neuf que nous débarquons à Auckland, dernière étape de notre voyage en Nouvelle-Zélande. Comme à Wellington, nous avons fait des demandes d’hébergement sur le site internet Couchsurfing, car il n’existe aucun camping en ville. Et nous avons eu une réponse positive de Sam, un Saoudien qui est en train de créer une sorte d’hôtel dans d’anciens bureaux. Il y a pas mal de chambres, une grande cuisine commune, un salon, une salle de bain commune etc.
Sam nous installe dans une chambre toute neuve, dans laquelle personne n’a encore jamais dormi. C’est un privilège, surtout que contrairement aux autres locataires, Sam ne nous fait pas payer. Malheureusement, c’est un homme d’affaire très occupé et nous ne passons que très peu de temps avec lui.
Le lendemain, comme c’est notre dernier jour de location, nous passons la journée à nettoyer de fond en comble le van (intérieur et extérieur). Tout le matériel qui nous avait été donné à Christchurch (draps, couette, oreillers, produit vaisselle etc.) nous le laissons à Sam pour aménager son hôtel.
Puis, sans que nous nous en soyons rendu compte, notre dernier jour en Océanie est arrivé. C’est avec beaucoup de tristesse que nous faisons notre dernière visite du pays : la ville d’Auckland (qui comme d’habitude n’offre rien d’exceptionnel, et nous sommes déçus de finir par ça).
Mais il faut dire que depuis que nous avons quitté le Parc National de Tongariro, nous avons eu du mal à retrouver quelque chose d’aussi incroyable. Le Northland dans sa globalité ne nous a pas offert le plaisir que nous avons ressenti dans tout le reste du pays. C’est bien dommage de terminer par cette note mitigée, même si au moins, nous avons la chance d’avoir retrouvé le beau temps. De plus, nous avons passé nos dernières soirées chez Sam, qui en plus d’être très accueillant aime passer du temps à discuter avec nous malgré son emploi du temps très chargé. Ce contact humain nous fait du bien après ce mois entier passés tous seuls.
Mais en aucun cas nous ne regrettons cette location. Nous nous sommes réellement reposés durant ce mois, et nous avons pu sortir des routes principales pour découvrir de petits paradis cachés, que nous n’aurions pas pu voir en auto-stop.
C’est plein d’énergie et avec la volonté indéfectible de repartir sur les routes que nous laissons notre van à quelques kilomètres de l’aéroport d’Auckland, le 29 mai. Une navette de la compagnie de location nous emmène jusqu’à l’aéroport, où le passage des douanes se fait très rapidement. L’avion que nous empruntons est énorme (plus de 300 places assises) et particulièrement confortable : avec un écran individuel chacun, une couverture, un oreiller, et beaucoup de produits gratuits à manger et à boire.
Il faut dire que nous avons payé cher ces billets avec Air New Zealand. Mais nous n’avions pas beaucoup le choix si nous voulions un avion qui coïncidait avec la fin de la location de notre van. Mais nous ne regrettons pas le prix, puisque le confort nous sera bien utile pour supporter les 12h de vol en direction d’un nouveau pays et d’un nouveau continent : l’Amérique du Nord !
Merci pour ce très beau récit, à vous lire on a envie d’avoir fait le voyage avec vous. Que de paysages grandiose vous avez rencontrés.
Ce sera de merveilleux souvenirs . Nous avons hâte maintenant de changer de continent avec vous pour découvrir la suite de cette belle aventure.