49 – L’Indonésie sur un air de musique

Il ne nous faut que 45 minutes en bateau pour rejoindre l’île Indonésienne la plus proche de Singapour : Batam. Loin d’être l’île la plus touristique du pays (l’Indonésie en compte plus de 13 000 !) nous avons choisis de nous y arrêter quelques jours avant de nous rendre sur Java.

Le passage à la frontière est très rapide, mais nous sommes étonnés de voir que nous devons à tout prix déclarer une religion avant de rentrer sur le territoire, et que seulement certaines sont autorisées. Heureusement, le Christianisme fait partie de la courte liste, ouf !

Nous nous rendons en bus à notre hôtel, et nos premiers pas dans le pays ne sont pas si terribles que ça. Nous ne nous sentons pas forcément en sécurité, lorsque l’on compare à la Malaisie ou à Singapour que nous avons traversés juste avant. Et effectivement, Batam ne semble pas être une île particulièrement intéressante à visiter.

Nous ne restons qu’une seule nuit à l’hôtel. Dés le lendemain, Audi, qui sera notre hôte Couchsurfing pour quelques nuits, vient nous chercher pour nous emmener dans la maison qu’il partage avec sa femme Amelia.

Nous nous lions directement d’amitié avec cet adorable couple qui nous accueille à bras ouverts dans leur petite maison, où nous retrouvons une pièce à vivre vide de tout meuble, hormis d’un canapé, et où il faut manger par terre. Mais s’il s’agit de leur mode de vie, aucun problème pour nous, nous nous adaptons à tout !

Etant musulmans pratiquants, nous assistons à leurs prières cinq fois par jour à l’appel du Muesim, qu’on entend un peu partout dans le pays (l’Indonésie est le pays qui rassemble le plus de musulmans au monde). C’est la première fois que nous résidons chez une famille musulmane pratiquante, et c’est très intéressant d’en apprendre plus sur cette religion et ses pratiques.

Finalement, nous restons quatre jours chez Audi et Amelia, mais à part quelques restaurants, nous ne sortons pratiquement jamais de chez eux. Ce n’est que le dernier jour de notre séjour à Batam que nous passons chercher Amelia à son travail (elle est médecin et occupe un petit bureau dans un des quartiers de la ville où elle délivre des ordonnances) afin d’aller voir ce qui est apparemment l’attraction phare de l’île : un pont situé plus au sud. Ce n’est pas exceptionnel mais nous sommes heureux de partager quelque chose avec eux.

Nous mangeons au restaurant très étrange situé au pied du pont, avant de rentrer chez eux pour passer notre dernière soirée sur l’île.

Le lendemain, Audi et Amelia nous emmènent jusqu’à l’embarcadère, d’où nous allons prendre le ferry en direction de l’île de Java, connue pour accueillir la capitale du pays : Jakarta. Nous leur disons au revoir sur le quai avec beaucoup d’émotion, avant d’embarquer.

Nous sommes les uniques étrangers du bateau, et la majorité des passagers sont des hommes, qui n’hésitent pas à nous regarder d’une façon qui nous met assez mal à l’aise.

Le bateau est composé de 3 classes différentes. La majorité des Indonésiens s’entasse dans la classe éco, des sortes d’immenses dortoirs installés dans la cale du bateau. Pour notre part, nous avons choisis la 2ème classe, c’est à dire des dortoirs ne comprenant que 6 lits. Etant dans un pays Musulman, les dortoirs hommes et femmes sont normalement séparés. Sauf que ce jour là, sur les 4 000 places disponibles sur le bateau, nous sommes à peine 200 passagers, dont 14 (nous avons compté) à se partager les 1ère et 2ème classes. Autant dire que la place ne manque pas ! Nous demandons donc à partager un dortoir. Demande acceptée à la seule condition que nous soyons mariés (chose qui ne sera pas vérifiée, heureusement pour nous !).

Nous voici donc partis pour un voyage de 26h, dans une cabine de 6 lits au milieu d’un pont totalement vide !

Nous avons la surprise de découvrir que pour les 2 premières classes, tous les repas sont compris, du petit déjeuner au dîner ! Alors certes, ce n’est pas vraiment bon, mais vu le prix que nous avons payé les billets, c’est vraiment intéressant !

Le seul problème, c’est que le bateau ne possède pas de stabilisateur, nous sommes donc ballottés dans tous les sens, incapables de nous lever de nos lits sans être malades. Nous passons tout de même une bonne nuit (hormis lors de l’appel de la prière à 5h du matin).

Avec le bateau, nous passons dans l’hémisphère sud de la planète, pour la première fois de notre voyage

Nous arrivons sur l’île de Java, à Jakarta, le lendemain après-midi. Nous mettons plus d’une demie-heure à rejoindre la gare, où l’homme au guichet nous fait acheter un billet qui ne nous emmène pas là où nous lui avions demandé. Tant pis, le prix étant vraiment peu cher, nous devons descendre quelques gares plus tôt afin d’effectuer un changement. Finalement, lorsque nous descendons du train il fait déjà nuit, et le temps de rejoindre notre hôtel à pied, nous avons le temps d’observer la pauvreté la plus importante que l’on ait croisé depuis le début de notre voyage. Les maisons sont dans un état catastrophique, les enfants jouent seuls sur les voies, dans la saleté.

Dans la rue nous croisons uniquement des hommes, tous beaucoup trop intéressés par Florine pour que l’on se sente vraiment en sécurité.

Nous sommes heureux lorsque nous arrivons enfin dans notre bel hôtel, que nous ne quitterons plus que le lendemain matin, de jour.

Malheureusement, comme nous nous y attendions, il n’y absolument rien à voir à Jakarta. Après avoir aperçu la maison du président, ainsi que le monument national (seuls intérêts du centre-ville de Jakarta), nous passons dans quelques centres commerciaux (qui ressemblent plutôt à des souks) où l’on se fait bousculer dans tous les sens, et interpeller de façon très agressive.

Pour la deuxième fois, nous sommes heureux de retrouver le calme et la sécurité de notre chambre d’hôtel. Heureusement, pour notre deuxième journée de visite, nous retrouvons un contact du voisin des parents de Florine en France. Grâce à son festival de danses et musiques du Monde à Montoire-sur-le-Loir, nous avions déjà rencontré grâce à lui de nombreuses personnes au Japon.

Soni vient nous chercher en Taxi à notre hôtel le lendemain matin. Après avoir enchaîné un train, plusieurs tuk-tuk et retrouvé son amie Kus, nous nous dirigeons vers une école de danse Sumatranaise située dans les faubourg de Jakarta. Soni travaille aux ressources humaines, et connaît bien la France pour être allée plusieurs fois à ce festival de Montoire avec des groupes de danse.

Nous sommes accueillis comme des rois par la propriétaire de l’école qui vit sur place, et qui nous offre à boire avant de nous présenter aux jeunes filles venues prendre leur cours de danse ce jour-là. Les petites sont toutes excitées de rencontrer des européens, et nous font une démonstration de danses traditionnelles de Sumatra (île Indonésienne située au Nord-Ouest de Java).

C’est un superbe moment que nous sommes heureux de partager avec elles, même si elles sont beaucoup trop timides pour oser parler avec nous.

Après cette rencontre, Soni et Kus nous emmènent manger dans un tout petit restaurant.

Puis elles nous conduisent plus proche du centre-ville de Jakarta, où nous faisons la connaissance d’un autre groupe de danse, cette fois-ci venu spécialement de Papouasie pour une représentation ! (Ce sont ces mêmes danseurs qui représenteront leurs danses traditionnelles lors du Festival de Montoire l’année suivante).

Nous assistons à leurs préparatifs, puis nous suivons le chef du groupe pour une visite guidée d’une exposition temporaire sur l’art Papou. Soni nous traduit ce qu’elle peut, mais nous apprécions surtout la découverte des armes et des costumes traditionnels portés par les Chamans, ou encore l’explication sur la signification des différents symboles Papous.

Très joli bâtiment pour l’exposition

Nous avons même l’occasion de nous essayer à dessiner ces symboles traditionnels, sous l’œil attentif du chef ainsi que des caméras de la chaîne télévisée « MetroTV » (pour laquelle Julien devient même une vedette) !

Puis, c’est la représentation à l’extérieur du bâtiment. Les danses sont géniales, avec une musique très rythmée réalisée sur place par les papous eux-même. Nous avons même droit à un petit cours afin d’apprendre les pas rudimentaires de ces danses traditionnelles.

C’est un incroyable moment que nous n’oublierons jamais, et nous espérons pouvoir les revoir un jour en France, si le Festival de Montoire fait de nouveau appel à eux un jour !

Mais la journée n’est pas finie, puisque Kus et Soni nous emmènent pour terminer au parc « Indonésie Miniature ». En fait, il s’agit d’un parc à thème qui n’a rien à voir avec notre « France Miniature ». Il est organisé en plusieurs « mondes », qui représentent chacun une petite partie de l’Indonésie, avec pour chaque zone quelques maisons authentiques qui y ont été importées. On a ainsi la zone « Java », la zone « Bali » et plein d’autres encore. Il faudrait une journée entière pour visiter le parc dans son ensemble. Mais ayant juste 30 minutes devant nous avant la fermeture, nous arpentons les allées en voiture, en nous arrêtant simplement à la zone « Sumatra » (île sur laquelle nous n’irons pas) afin de prendre en photo ses magnifiques maisons colorées, ainsi que celles des Papous, beaucoup plus rudimentaires.

Pour finir la journée, les deux femmes nous offrent un nouveau restaurant avant de nous redéposer à notre hôtel.

Nous avons passé avec elles une incroyable journée qui nous aura finalement parue très courte. Nous avons fait de superbes rencontres et plongé au cœur de plusieurs traditions Indonésiennes qui nous paraissent toutes si différentes. Nous remercions chaleureusement ces deux adorables femmes, qui nous auront montré un visage de Jakarta beaucoup plus agréable que celui que nous avions observé de premier abord !

Nous avons hâte de découvrir les autres facettes de ce pays complexe. Nous nous rendons donc dés le lendemain à la gare, afin de prendre le train en direction de Yogyakarta, situé à l’est de Jakarta, toujours sur l’île de Java.

A travers les vitres du train, le paysage change à vue d’œil

Après 8h de trajet, nous retrouvons Moris et son frère Donald, contactés par Soni afin de nous héberger pour quelques nuits. Moris est un grand musicien, jouant du « Sape » (instrument traditionnel de Bornéo) comme personne. Plus précisément, Moris et Donald sont originaires du peuple Dayak Kenyah, sur la partie Indonésienne de l’île de Bornéo.

Moris est surtout internationalement connu pour fabriquer lui-même ces magnifiques instruments, et pour avoir participé à de nombreux festivals à travers le monde (y compris en France) et remporté de nombreux concours.

C’est un véritable privilège de le rencontrer, ainsi que son frère et leur cousin Loren. Tous sont d’incroyables hôtes, même si Donald et Loren ne parlent pas Anglais.

Contrairement à ce qu’on aurait pu croire avec la notoriété de Moris, les garçons vivent de façon très modeste. Leur maison est même dans un piteux état, la salle de bain n’est composée que d’un seau d’eau pour la douche, et de toilettes turques. Il n’y a aucun meuble, pas la moindre chaise ni la moindre table dans leur salon (même pas de coussin). Mais ils ont l’air si heureux !

Nous passons une soirée incroyable avec eux, à découvrir pour la première fois le son de ce fameux « Sape » dont nous n’avions jamais entendu parler. Nous en apprenons également beaucoup sur leur peuple, qui vit dans un petit village typique en plein cœur de la forêt de Bornéo, avec une maison communale où ils aiment se retrouver et passer du temps tous ensemble. Les hommes de leur peuple se doivent d’avoir un tatouage. C’est pour ça que Moris possède dans son dos un magnifique tatouage (fait avec la technique ancestrale du bambou), représentant un homme, un dragon et des oiseaux. Nous n’avons jamais vu de tatouage aussi beau et nous sommes vraiment époustouflés par le travail que cela a dû nécessiter (et surtout la douleur engendrée !).

Le soir, Donald nous offre sa chambre avec pour seul meuble un matelas, pendant que lui, Loren et d’autres amis dorment au milieu du salon, à même le sol ! Nous refusons de prendre son matelas, et sortons les nôtres tandis qu’il récupère le sien. Nous sommes vraiment gênés de les laisser tous dormir dans le salon, mais d’après ce que nous comprenons, c’est très courant pour eux. A Bornéo, ils ont été habitués à tous dormir par terre, sans même un oreiller pour poser la tête.

Pour nous, rien que la soirée assis par terre, sans coussin ni tapis aura déjà été un poil désagréable. Nous n’imaginons même pas dormir de cette manière ! Mais ils semblent être habitués.

Le lendemain, nous avons la surprise de découvrir que les 3 garçons ont loué une voiture pour la journée.

Ils nous emmènent à une cinquantaine de kilomètres de là, visiter l’un des temples les plus connus d’Indonésie : le Borobudur.

Nous avons tous la mauvaise surprise de découvrir qu’en tant qu’étrangers, nous devons tous les deux payer le billet d’entrée près de dix fois plus cher qu’eux ! Malheureusement, cette surprise nous gâche un peu la visite, même si le temple est tout de même très impressionnant.

Malgré tout, nous apprécions vraiment notre visite, et Moris loue même les services d’un guide afin d’en apprendre d’avantage sur ce temple.

Malheureusement, avec son accent très fort, nous ne comprenons pas grand-chose de ses explications en Anglais. Mais nous passons tout de même un très agréable moment tous ensemble.

Après quoi, les garçons souhaitaient nous emmener voir un volcan, mais comme une tempête se prépare, ils jugent préférable de rentrer à la maison.

Le lendemain, ils louent de nouveau une voiture afin de nous emmener voir le Palais Royal, aujourd’hui occupé par un Roi qui n’a plus aucun pouvoir, mais dont les ancêtres régnaient jadis sur la ville.

Avec un nouveau guide (que nous comprenons cette fois-ci beaucoup mieux) nous découvrons la partie du Palais où avaient lieu les cérémonies officielles, transformée aujourd’hui en musée.

Nous apercevons également la première université créée à Java, minuscule, dans l’enceinte du Palais et réservée à la famille royale et aux riches familles du Pays.

Nous visitons ensuite une petite école de musique, ainsi qu’une école de marionnettes et de théâtre d’ombre, activité très importante en Indonésie (il existe plus de 350 personnages de marionnettes différents).

Pour finir, le guide nous emmène voir une boutique située dans une toute petite ruelle à l’extérieur du Palais, où des tableaux sont tissés à la main devant nos yeux.

Après cette visite, Moris tient à nous offrir de nouveau le restaurant. Cette fois-ci, c’est un restaurant très atypique, où les serveuses sont habillées comme au cabaret, où les toilettes sont installées au milieu des écuries, et où la déco, très kitch, ne cesse de nous étonner. Même le repas est atypique, mais c’est un vrai régal !

Une fois revenus chez eux, nous nous baladons tous les deux dans les alentours, à la découverte des magnifiques rizières qui encerclent les maisons du quartier.

Nous passons notre dernière soirée avec toute la petite équipe, dont on se sent désormais très proche après seulement deux jours.

Dés le lendemain matin, Moris et Donald nous déposent en scooter à la gare, afin de continuer notre périple vers l’Est de Java. Nous avons beaucoup de peine de partir déjà. Nous avons la sensation d’avoir encore tellement de choses à partager avec eux !

Cette plongée au cœur de la culture Bornéenne aura été vraiment incroyable, et la gentillesse de ses représentants exceptionnelle.

Nous partons donc pour 14h de trajet en direction de Bali, face à deux hommes qui ne nous lâcherons pas une seule fois du regard, regardant même notre écran d’ordinateur afin de suivre avec nous un film dont il ne peuvent rien comprendre.

Nous descendons à la gare de Banyuwangi, la ville avant celle de l’embarcadère menant à Bali, où l’un des responsables de l’hôtel que nous avons réservé cette nuit vient nous chercher ! C’est la première fois que ça nous arrive…surtout que l’hôtel est situé à 50 mètres à peine de la gare, donc pas très difficile à trouver. Mais on ne va pas se plaindre, c’est très gentil de leur part !

Nous avons une chambre correcte, même si la douche est de nouveau sans eau chaude (mais nous avons l’habitude maintenant, nous n’avons pas eu une seule fois de l’eau chaude depuis notre arrivée en Indonésie). Le lendemain, un très bon petit déjeuner nous attend, servi dans la petite supérette voisine de l’hôtel.

Puis nous nous rendons en train à la ville suivante, d’où nous empruntons le Ferry en direction de la troisième et dernière île Indonésienne de notre périple : Bali.

Dernière vue sur Java…

L’Indonésie aura pour le moment été riche en découvertes et en émotion. Nous ne pensions pas voir tant de choses en aussi peu de temps, et les liens que nous avons tissés avec les Indonésiens nous redonnent confiance en notre Tour du Monde (après avoir eu le moral un peu en baisse, lorsque nous avons enchaîné des semaines entières sans parvenir à lier contact avec personne, pratiquement depuis le Vietnam).

Nous sommes excités par l’optique de découvrir Bali, cette île dite « paradisiaque » qui fait rêver de nombreux touristes. Mais tout se passera-t-il aussi bien que prévu ? A voir…

Une réflexion au sujet de « 49 – L’Indonésie sur un air de musique »

  1. Magnifique reportage sur l’Indonésie , ce pays et ce peuple que nous ne connaissons pas mais qui nous donne au travers de votre récit l’envie d’y aller.
    Merci encore pour tout ces beaux récits que vous nous compter depuis votre départ. Nous avons hâte de découvrir la suite de votre voyage.

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