48 – Singapour : petit temple de l’étrangeté et de la démesure

Trop, c’est trop. Voilà la pensée qui ne quittera plus notre esprit durant tout notre séjour à Singapour. D’abord, trop de galères. En tout, il nous aura fallu une journée entière pour rejoindre Singapour depuis Kuala Lumpur, en Malaisie. Après avoir passé la frontière côté Malaisien (située au beau milieu d’un centre commercial) assez facilement, nous voilà bloqués de l’autre côté : impossible de rejoindre la frontière Singapourienne à pied.

En tant que piétons, nous avons l’obligation de nous y rendre en bus. Difficile quand on a en notre possession que des dollars américains (ayant dépensé nos derniers Ringgit une heure auparavant, persuadés que nous n’en aurions plus besoin), et que les douaniers nous apprennent qu’il n’y a pas un seul distributeur entre les deux frontières. Et impossible de rejoindre les voitures pour faire du stop, elles sont sur une autre partie de la frontière, inaccessible.

La grande question que nous nous posons alors, et à laquelle les douaniers et chauffeurs de bus ne souhaitent pas nous répondre, c’est : comment fait-on pour sortir d’ici ? Du coup, pour la première fois de notre vie, nous sommes obligés de faire la « manche » ! Sur un carton nous écrivons un texte expliquant que nous n’avons pas de monnaie pour payer le bus, et que nous recherchons des Ringgits ou Dollars Singapouriens, en échange des Dollars américains qu’il nous reste.

Heureusement, un homme nous donne assez de Dollars Singapouriens pour payer le bus, et refuse nos Dollars US en échange ! Un vrai ange gardien.

Nous pouvons donc enfin prendre le bus en direction de la frontière Singapourienne, que nous passons assez facilement. Le ticket de bus étant aussi valable pour l’autre côté de la frontière, nous le reprenons donc en pensant nous rendre dans le centre-ville.

Erreur, le bus emprunté nous emporte bien loin de là ! Quand nous nous en rendons compte, nous descendons pour prendre le métro. De nouveau, nous passons presque une heure à trouver un distributeur, sous une pluie torrentielle. Nous pensions enfin notre calvaire terminé, mais non ! Il n’y a pas de guichet à la station de métro, et la machine n’accepte pas nos gros billets. Obligés de ressortir sous la pluie, nous partons nous acheter à manger pour faire de la monnaie.

Ouf, enfin, nous voilà partis en direction de notre hôtel, dans le quartier de Little India (n’ayant pas eu de réponse positive sur le site internet Couchsurfing).

Fatigués de notre journée, nous ne ressortons même pas, et passons notre soirée dans le dortoir, en compagnie de travailleurs Indiens qui ne nous mettent pas vraiment à l’aise. Surtout qu’il n’y a pas la moindre fille…Nous ne dormons que d’un œil, puisque le respect des autres ne semble pas être dans leur nature. Les lumières s’allument toute la nuit, les téléphones sonnent sans gêne…bref une sacrée nuit animée.

Malgré tout, nous réservons une deuxième nuit dans le dortoir, et partons enfin visiter la ville après un petit déjeuner copieux servi à l’hôtel.

Nous nous baladons d’abord dans notre quartier, Little India, beaucoup plus coloré et intéressant que celui de Penang en Malaisie. L’architecture est assez particulière, mais tellement différente de l’image que nous nous faisions de Singapour !

Nous visitons également un temple Hindou, assez semblable à celui que nous avions déjà vu à Kuala Lumpur.

Après l’Inde, c’est la Chine : nous nous rendons à Chinatown. C’est assez joli, et également très coloré.

C’est tout ce que nous ferrons de notre première journée de visite, puisqu’une tempête de tous les diables nous tombe sur la tête en plein milieu d’après-midi. C’est l’une des premières fois que nous voyons tomber autant d’eau en aussi peu de temps.

Nous passons l’après-midi à l’accueil de l’hôtel, sur internet et à regarder les films diffusés à la télévision. Même si l’hôtel en lui-même est très propre et confortable, nous regrettons d’être restés une deuxième nuit, qui se passera encore plus mal que la première. En effet, l’hôtel accepte les arrivées même en pleine nuit. Du coup, jusqu’à presque 4h du matin, le gérant entre dans notre dortoir, allume toutes les lumières, et parle si fort que toutes les autres chambres doivent l’entendre, pour placer les arrivants sur les lits.

C’est donc une nouvelle fois fatigués après cinq heures à peine de sommeil, que nous nous réveillons le lendemain matin.

Nous décidons de changer d’hôtel pour notre troisième et dernière nuit dans le pays. On ne pourra pas supporter ça une nuit de plus ! Sur le chemin, nous tombons au beau milieu d’un grand festival très très particulier.

Il s’agit du Thaipusam, fête Hindou interdite dans la plupart des pays du monde (y compris en Inde, son pays d’origine) pour la violence de ses coutumes. Nous croisons en effet la route du défilé, organisé par la communauté Tamoule de Singapour (qui est également très présente en Malaisie, où le Thaipusam est aussi autorisé), et nous avons vraiment du mal à garder les yeux fixés sur ces hommes.

Ils portent en effet des charges extrêmement lourdes sur les épaules et tirent des autels de plus de 40 kilos, attachés à leur peau par des crochets plantés dans le dos, le nez ou la bouche. Certains (dont des enfants) portent même des chaussures composées de clous qui s’enfoncent dans leurs pieds.

Un véritable spectacle d’horreur ! Pourtant, ils n’ont pas le droit de saigner, sous peine d’être la honte de leur communauté. Pour ce faire, ils jeûnent durant le mois qui précède la fête, pour se préparer mentalement et physiquement. Le but de cette procession est de rendre hommage au Dieu Murugan, fils de Shiva, vainqueur de son combat contre les démons, et de lui offrir des offrandes ainsi que d’expier ses fautes.

On comprend pourquoi cette fête est interdite dans la plupart des pays du monde, et nous quittons vite la procession, écœurés, mais tout de même conscients que nous ne reverrons sans doute jamais quelque chose d’aussi étrange et horrible de notre vie.

Après avoir déposé nos affaires à notre nouvel hôtel, nous prenons ensuite le métro en direction du centre-ville de Singapour. Et là, l’expression « Trop c’est trop » nous revient en tête.

Après trop de galères, trop de pluie, et trop d’horreur, voici le « trop de béton et d’étrangeté ».

La ville-état n’est qu’une surabondance de buildings plus hauts les uns que les autres. Les rues sont fades, trop serrées entre les immeubles pour laisser passer le soleil. Et ce n’est pas terminé, puisque des dizaines de gratte-ciels sont encore en construction.

On se croirait presque à New-York, non?

Singapour, c’est également le temple de l’étrangeté, avec par exemple d’énormes araignées installées sur le port, ou encore des terrasses d’immeubles noyées sous la verdure…

Certes, il existe une chose très positive à Singapour : c’est la propreté. Que ce soit dans les rues ou sur les façades des immeubles, tout semble parfaitement entretenu. Et il est vrai que la verdure installée à certains endroits de la ville lui donne un certain charme…Mais l’ensemble reste tout de même assez loin de ce que nous apprécions d’habitude.

De la Marina Bay, située au centre de la ville, nous avons une vision dégagée sur tous ces buildings, ainsi que sur le 19ème plus grand hôtel du monde (mais sans doute le plus bizarre) : Le Marina Bay Sand.

La piscine qui domine l’hôtel, en forme de bateau, est la plus élevée au monde. Nous n’y avons bien sûr pas accès, mais nous pouvons déjà nous balader dans le hall d’entrée de l’hôtel, d’un gigantisme impressionnant.

Bouche bée par tant de grandeur, nous enchaînons par la visite d’un centre commercial qui représente tout autant la démesure Singapourienne, puisqu’une sorte de petite Venise y a été installé en son centre…

Pour finir notre journée hors du temps, nous nous rendons ensuite au « Garden By The Bay », un immense parc naturel construit en plein milieu de la ville. Cette fois-ci, nous apprécions vraiment notre visite du parc, qui montre encore une fois la grandeur de ce pays et de ses infrastructures.

Les plus grands arbres que l’on y trouve ne sont pas fait de bois mais de fer, et l’on peut passer de l’un à l’autre par d’immenses passerelles au dessus du vide. Le rendu est assez artistique, et cela nous donne une image totalement inédite de ce pays que l’on pensait fait uniquement de béton !

Le parc est immense et on peut y trouver de nombreuses serres couvertes, mais malheureusement payantes et beaucoup trop cher pour nous.

Nous rentrons finalement à notre hôtel, dont nous découvrons la terrasse arrière, personnalisée par toutes les personnes passées par ici… le rendu est vraiment pas mal !

Nous sommes assez mitigés par les découvertes que nous avons faites à Singapour. Dans un sens nous n’apprécions pas vraiment cette abondance de buildings si hauts que l’on ne distingue qu’à grande peine le sommet. Mais d’un autre côté, ce pays nous aura montré un visage très particulier, que l’on ne retrouvera sans doute jamais autre part. Un mélange de nature anthropique et de constructions urbaines, qui à certains endroits n’est pas si désagréable que ça.

Mais dans tous les cas, une visite de trois jours aura été largement suffisante pour voir tout ce que ce pays a à nous offrir. De plus c’était sur notre chemin, il aurait donc été dommage de ne pas s’y arrêter…

Le lendemain matin nous prenons le métro pour nous rendre à l’embarcadère, d’où nous empruntons un ferry en direction de Batam, l’île Indonésienne la plus proche de Singapour, qui n’est qu’à 45min de bateau.

Même si nous avons moyennement apprécié notre passage à Singapour, nous partons tout de même de ce pays avec une question en tête, qui ne nous a pas quitté depuis : finalement, à quoi ça sert, tout ça ?

4 réflexions au sujet de « 48 – Singapour : petit temple de l’étrangeté et de la démesure »

  1. quel pays étrange, il ne faut pas avoir le vertige pour contempler ces immeubles, par contre tous ces jardins suspendus c’est magnifique,

    • Oui c’est vrai que les immeubles donneraient presque le vertige ! C’est un pays que l’on n’a pas énormément apprécié, mais il est vrai qu’ils sont très doués pour inclure la verdure au milieu de tous ces immeubles.

      Merci pour ce commentaire et en espérant pouvoir sortir le prochain article sur l’Indonésie rapidement 🙂

      Bisous à tous les deux

    • Bonjour à vous 3 ! Un grand merci pour avoir lu nos articles. Eve nous sommes impressionnés que tu les ais déjà tous lu, tu as dû y passer un temps fou ! Merci beaucoup en tout cas ça nous touche beaucoup 🙂

      On essaye de sortir la suite le plus vite possible. Il ne reste pas beaucoup de pays mais comme nous y avons passé beaucoup plus de temps il y aura encore beaucoup à raconter ! Au plaisir de vous revoir bientôt

      Bisous à vous 3

      Florine et Julien

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