Dés notre descente du bateau à Bali, en provenance de l’île de Java, nous nous faisons harceler par une compagnie de bus qui se dirige vers Dempasar, ville principale de l’île et où notre hôte de ce soir doit venir nous chercher. Les employés de la compagnie nous agrippent presque le bras pour nous forcer à monter dans le bus, sans nous laisser le loisir de comparer leurs prix avec d’autres compagnies présentes dans le port. Et en plus ils ont le culot de nous hurler dessus pour que nous montions plus rapidement. L’accueil est encore pire qu’au Vietnam, ça promet !
C’est plus de 4h plus tard que nous arrivons en ville, et que nous retrouvons Putra, un nouveau contact de Philippe, le voisin des parents de Florine et Président du Festival de Danses et Musiques du Monde de Montoire-sur-le-Loir. En Indonésie, nous aurons pratiquement traversé le pays entier grâce à ses contacts. C’est une incroyable chance qu’il nous a offert de rencontrer les populations locales ! Et nous ne saurons jamais assez le remercier pour ça.
Nous retrouvons donc Putra, qui nous emmène chez lui à Payangan, petite commune située à plus d’une heure de là, au centre de Bali. Il vit en plein centre du village, face à la maison communale, dans une immense maison familiale typique Balinaise, qu’il partage avec une partie de sa famille (frère, cousins etc.). Le terrain sur lequel il vit possède en fait plusieurs maisons, un temple privé, ainsi qu’un jardin de plus d’un hectare. C’est vraiment magnifique !
Nous avons droit à une petite chambre privée à l’autre bout de la cour intérieure, avec une salle de bain commune avec les autres chambres attenantes. Il n’y a pas d’eau chaude, mais ce n’est pas vraiment étonnant pour l’Indonésie.
Le soir, Putra et son frère nous emmènent manger sur le marché, chose courante dans le mode de vie Balinais, et nous apprenons doucement à les connaître.
Durant la nuit, vers 3h du matin, nous vivons une expérience dont nous nous serions bien passé. En effet de l’autre côté du mur, dans la maison attenante à celle de notre hôte, les habitants égorgent un cochon. Le problème, c’est que le pauvre animal n’est pas tué sur le coup, et on l’entend agoniser de longues minutes avant qu’il ne succombe enfin. C’est un bruit affreux dont on se souvient encore aujourd’hui ! (Et malheureusement, ce processus se reproduira toutes les nuits à la même heure, jusqu’à notre départ de Payangan…).
Le lendemain, nous passons la journée seuls. Nous souhaitons nous rendre à Ubud, ville située à une vingtaine de kilomètres de là, et conseillée par nos hôtes. N’ayant aucun moyen de transport pour nous rendre là bas, nous essayons de reprendre l’auto-stop, pour la première fois depuis plusieurs mois.
Heureusement, une petite camionnette s’arrête au bout de 5 minutes à peine. Nous nous installons à l’arrière dans la remorque, à l’air libre. Bizarrement, les touristes ne doivent pas souvent utiliser ce mode de transport, puisque tous les passants nous regardent avec étonnement, rigolant et nous montrant du doigt. On peut le comprendre, ici, c’est le taxi qui est privilégié.
Nos chauffeurs nous déposent en plein cœur d’Ubud, ville ultra touristique et très chère, où l’on trouve tous les hôtels de luxe de l’île.
La ville est tout de même très jolie, avec de nombreux temples, et plusieurs maisons semblables à celle de Putra.
Les portails d’entrée des maisons et des temples sont incroyables, et presque tous de la même couleur, de vraies œuvres d’art !
La ville en elle-même rassemble d’ailleurs un nombre impressionnant de galeries d’art. Certes, le centre-ville est très beau, mais ne justifie pas pour autant le nombre affolant de touristes arpentant ses rues. On ne croise d’ailleurs pas beaucoup d’Indonésiens, excepté derrière les comptoirs des boutiques de souvenir, ou dans les cuisines des dizaines de restaurants que l’on trouve à tous les coins de rue.
En fin d’après-midi, après avoir marché plusieurs heures à la découverte de chaque petite rue d’Ubud, nous décidons de rentrer en Auto-stop. L’expérience est beaucoup plus compliquée que le matin même, puisque de nombreux taxis s’arrêtent à notre hauteur pour nous forcer la main. Et quand il s’agit de passants, la plupart d’entre-eux nous proposent d’en appeler un pour nous. Personne ne comprend vraiment le principe d’Auto-stop et il est bien difficile de se faire comprendre.
Mais finalement, après seulement quelques dizaines de minutes d’attente, une navette d’hôtel se propose de nous emmener gratuitement à destination.
Le soir nous retournons manger au marché avec Putra et son frère, où l’on en apprend d’avantage sur une fête très importante à Bali : la journée du silence, qui célèbre la nouvelle année Balinaise (cette année-là, elle aura lieu un mois après notre passage). Durant cette journée, l’île entière est censée faire le silence complet. Les habitants ne doivent en aucun cas pratiquer une activité bruyante (uniquement la lecture) et doivent chuchoter. Tous les commerces sont fermés et l’électricité coupée. Les voitures et scooters n’ont pas le droit de circuler, et même les avions ont l’interdiction de décoller ou de survoler l’île !
Pour se préparer à cette journée, la veille, les habitants se retrouvent pour une fête la plus bruyante possible, avec chants, musiques, danses et défilés. C’est Putra (qui interagit beaucoup dans la vie artistique de la ville) qui s’occupe d’organiser cette fête à Payangan.
Putra gère en parallèle un groupe de musiciens et danseurs Balinais depuis des années. Il accueille même des groupes organisés étrangers (dont des français) afin de leur présenter les danses traditionnelles de l’île et leur raconter des histoires liées à leurs ancêtres.
D’ailleurs le lendemain soir, il est prévu une répétition avec son groupe, et nous attendons ce moment avec impatience. En attendant, nous passons la journée suivante à arpenter les petites rues de la ville (qui ne présentent rien de bien intéressant). Nous nous éloignons ensuite un peu du centre afin de découvrir un des joyaux de Bali : ses rizières.
Celles-ci ne sont sans doute pas les plus impressionnantes de l’île, mais elles sont déjà magnifiques à nos yeux (et dénuées du moindre touriste !). On croise quelques personnes travaillant dans les rizières, étonnées de voir des étrangers se balader dans le coin.
Malheureusement, les rizières cachent également une mauvaise facette du pays : la prolifération de déchets jetés dans la nature. On a du mal à leur en vouloir, car ils n’ont sans doute pas reçu la même éducation que nous concernant le respect de l’environnement, mais il est très difficile d’imaginer ce qui leur passe par la tête, lorsque l’on trouve de vraies décharges à ciel ouvert au milieu de ce paysage magique, qui ne demande qu’à être protégé !
Après cette découverte nous retournons chez notre hôte en attendant les répétitions de son groupe. Julien goûte un café récolté localement, sans doute le meilleur café qu’il n’ait jamais bu de toute sa vie !
Malheureusement lors de la répétition, il n’y aura pas de danseurs comme nous le pensions, seulement des musiciens, mais c’est déjà très intéressant de découvrir cette musique typique Balinaise, que l’on ne connaissait absolument pas.
Une fois n’est pas coutume, nous retournons prendre notre dernier dîner avec notre hôte, son frère et un de ses cousins au marché, avant de passer notre dernière soirée à Payungan (avec pour réveil le cri d’un nouveau cochon à 3h du matin).
Nous avions prévenu Putra que nous voulions partir avant 10h le lendemain, afin de nous rendre vers le Nord de l’île. Malheureusement, nous ne revoyons pas notre hôte, visiblement déjà parti. Nous attendons plus d’une heure sur la terrasse, mais voyant qu’il ne reviendra pas, nous décidons à contre-cœur de laisser un mot pour le remercier de son accueil, et de partir en direction d’Amed en auto-stop.
Nous sommes pris directement à l’arrière d’une petite camionnette, comme deux jours auparavant. Mais au bout de plusieurs kilomètres, le chauffeur s’arrête et nous réclame de l’argent. 300 000 Roupies Indonésiennes (presque 20€) pour nous emmener à destination. C’est plus cher qu’un taxi, avec le confort en moins ! Nous descendons donc en nous excusant de ne pas avoir compris qu’il s’agissait d’un transport payant. La femme du chauffeur tente de nous réclamer de l’argent pour les quelques kilomètres effectués, mais ils finissent par laisser tomber et partir.
Maintenant on le sait, dés qu’une voiture s’arrête il faut préciser que nous n’avons pas d’argent, car même les particuliers n’hésitent pas à nous en demander. Et lorsque l’on refuse de monter en voiture, on nous insulte, on nous claque les portières au nez, et certains nous crachent même dessus ! Alors après plus d’une heure d’attente, et perdant patience à force d’expliquer à tous les taxis et autres chauffeurs que nous faisons de l’auto-stop, activité censée être gratuite, nous finissons par trouver un carton sur lequel nous inscrivons le nom de notre destination, ainsi qu’un mot précisant que nous n’avons pas d’argent.
Instantanément, les voitures ne s’arrêtent plus pour nous demander de l’argent, enfin ! (après plus d’une trentaine de refus). Nous finissons même par monter gratuitement à l’arrière d’une camionnette, au bout de 2h d’attente. Mais finalement le chauffeur change d’avis au bout de quelques kilomètres, et nous laisse sur le bord de la route, loin du bon chemin que nous devons emprunter pour aller à Amed.
Mais nous ne restons pas longtemps sur ce nouveau spot, puisque enfin, une camionnette nous emmène à destination ! Nous faisons la connaissance de Sofyan et de sa famille, tous entassés dans la petite remorque. Cette famille Javanaise vient passer quelques jours de vacances à Bali, et semble vraiment heureuse de nous avoir avec eux.
Nous passons un excellent moment, tous sont avides de connaître notre parcours, et le trajet vers Amed n’est pas assez long pour en apprendre d’avantage sur eux ! C’est bien dommage. Sur la route, de nombreux passants nous saluent, nous observent, et interpellent nos chauffeurs pour leur dire qu’ils sont impressionnés qu’en tant que touristes, on accepte de voyager de cette manière là. On est vraiment l’attraction de la journée !
Sofyan et sa famille nous déposent dans le centre-ville d’Amed, et nous disent au revoir avec émotion. Amed est une ville touristique, mais elle n’a rien à voir avec Ubud. Toute la ville est organisée autour de la route longeant la plage volcanique. Mais on ne trouve aucun hôtel ni restaurant clinquant, ici tout est typique, et on adore la vue sur le volcan Agung (qui est d’ailleurs entré en éruption quelques mois après notre passage à Bali).
Nous dénichons un petit hôtel très sympathique et vraiment pas cher, à deux pas de la plage. 7€ la nuit avec petit déjeuner compris, ça vaut le coup ! C’est une sorte de petite maison privée très belle, avec douche à l’eau froide (pour changer…) et une belle terrasse donnant sur un petit jardin. Le matin nous avons droit à un petit déjeuner très bon et copieux, servi sur la plage face à l’accueil de l’hôtel (situé à quelques centaines de mètres de là). C’est le paradis pour se reposer !
Nous ne devions rester que quelques jours ici, puis partir visiter d’autres petites îles proches avant de revenir prendre notre avion pour l’Australie à Dempasar, deux semaines plus tard. Mais finalement, à force de flanner sur la plage, et apprécier le confort de n’avoir rien à faire, nous y prenons goût. Et nous décidons de passer les deux semaines d’attente ici, dans notre petit hôtel à nous reposer.
Nos journées se ressemblent toutes : petit déjeuner sur la plage puis baignade et snorkeling (avec palmes, masques et tubas), où l’on découvre d’incroyables poissons multicolores et de magnifiques fonds marins avec des coraux qui malheureusement dépérissent à vue d’œil. Pas besoin d’aller bien loin, les bords de plage sont déjà un véritable aquarium !
Pratiquement tous les midis, nous mangeons dans un tout petit restaurant tenu par une vieille dame très gentille. Les plats sont vraiment pas chers et très bons ! Même s’ils sont trop épicés pour Florine…
Le reste du temps nous restons à nous reposer sur les transats de l’hôtel, accompagnés de drôles d’animaux…
Nous ne sommes pas dérangés, puisque ce n’est pas vraiment la bonne saison pour les touristes. C’est donc dans le calme que nous passons ces quelques jours de repos, sous un beau soleil.
Un jour, nous louons un scooter afin de partir visiter un peu le reste de l’île. Nous nous rendons à une dizaine de kilomètres plus à l’Est, voir l’épave d’un bateau Japonais très près des côtes, que l’on atteint en snorkeling. C’est magnifique, et l’épave est habitée par des milliers de poissons tous plus beaux les uns que les autres. Certains sont immenses, et pas très rassurants ! Durant l’après-midi nous essayons d’autres spots de plongée. Certains fonds sont encore plus beaux que ceux que Julien a déjà eu l’occasion de voir dans les Caraïbes !
En fin d’après-midi nous nous rendons à l’Ouest d’Amed, admirer les plus belles rizières en terrasses que l’on n’ait jamais vu. Elles sont beaucoup plus impressionnantes que celles observées sur l’île de Java. Le paysage offert par ces terrasses nous plonge dans un monde totalement différent de ce que l’on a déjà pu observer à Bali, et c’est une véritable découverte.
Après avoir tenté d’atteindre ensuite le pied du volcan Agung sans succès, nous rentrons enfin à l’hôtel passer l’une de nos dernières soirées.
Comme tous les soirs, nous retrouvons dans notre petit jardin une famille de chats qui a élu domicile au pied d’un autel d’offrandes. Plusieurs fois nous leur ramenons à manger, des boites de sardine ou des poissons trouvés sur la plage. Difficile de ne pas craquer devant leur petite bouille !
Plus ça va, plus le temps se dégrade à Amed. Le dernier jour, le courant ramène tellement de déchets sur le bord de la plage que nous ne prenons même pas le risque de nous baigner. Finalement, nous nous sommes bien reposés durant ces deux semaines, et nous sommes contents de reprendre l’auto-stop en direction de Dempasar, d’où nous attend notre avion pour l’Australie !
Baptisés par nos premières expériences d’auto-stop sur l’île, nous écrivons tout de suite un panneau expliquant que nous n’avons pas d’argent. Nous trouvons finalement une petite camionnette au bout d’une heure, qui nous emmène un peu plus loin sur la grande route. De là, une voiture s’arrête immédiatement pour nous emmener à Dempasar. Il s’agit de Lisa. Elle travaille dans la location de villas de luxe pour les touristes et parle donc parfaitement anglais. Nous passons un très agréable moment avec elle, dans une voiture très confortable (ça nous change des remorques des camionnettes…).
Nous nous rendons directement à l’hôtel que nous avons réservé pour une nuit, afin d’y déposer nos affaires (le gérant nous accueille en caleçon, allongé à même le sol en train de dormir…ça commence bien).
Nous ressortons manger sur la belle plage de sable blanc de Dempasar (qui nous change du sable volcanique d’Amed !) au milieu des bateaux typiques Balinais. Mais nous ne regrettons pas de ne pas être venus plus tôt ici. Même si c’est le rendez-vous de la plupart des touristes, la mer est beaucoup plus déchaînée qu’au nord, et se baigner n’est pas si évident (sans parler des poissons qui sont sans doute beaucoup moins intéressant à observer ici).
C’est la dernière journée que nous passons sur Bali. Dés le lendemain nous prenons l’avion en Direction de Darwin, en Australie.
Non seulement nous quittons un pays, mais également un continent. Nous avons passé 1 mois jour pour jour en Indonésie, et 6 mois jour pour jour en Asie. Un temps qui nous aura paru un peu trop long sur la fin. Nous avons connu beaucoup de galères, mais également découvert des paysages et des populations extraordinaires, totalement différents de ce que l’on connaît en Europe. Mais même si nous gardons en tête le souvenir de toutes ces merveilles asiatiques, le fait de devoir prendre les transports en commun faute de gens capables de comprendre ce qu’est l’auto-stop, et de devoir dormir dans des hôtels, face à la méfiance de certaines populations asiatiques, nous aura quand même beaucoup affecté.
Nous sommes soulagés de quitter enfin ce continent, et de retrouver un style de vie que l’on suppose très proche du style Européen. Peut-être avons-nous tord, mais nous sommes certains d’une chose : l’Océanie n’aura rien à voir avec l’Asie. Et nous sommes impatients de nous plonger dans ces changements saisissants, et d’en découvrir la nature…