58 – Otaries, Gyotaku et maisons flottantes : les Etats-Unis au fil de l’eau

Juste après avoir quitté Macie et Garhett, nous parcourons plus de 150km pour traverser la frontière séparant la Californie de l’Oregon et rejoindre Brookings, où nous attend un nouvel hôte Couchsurfing. Nous le rejoignons dans sa boutique (un Pawn Shop, sorte de brocante). L’accueil est assez froid et lorsqu’il nous emmène chez lui, nous découvrons une maison très mal entretenue, sale et en grand désordre. Bien sûr il ne s’agit que d’un détail, lorsque l’on dort chez nos hôtes nous sommes surtout contents d’être avec eux et nous ne nous préoccupons que très peu d’avoir du confort. Sauf que dans ce cas précis, la soirée nous paraîtra vraiment longue.

Bob ne nous parlera que de ses deux passions : Donald Trump et la religion. Alors certes nous ne sommes pas fermés aux avis de chacun, mais nous ne parvenons même pas à placer une phrase. Nous sommes obligés de l’écouter tandis qu’il tente par tous les moyens possibles de nous convertir à ses idées.

Heureusement, nous ne restons qu’une seule nuit avec lui. Dés le lendemain nous reprenons notre route vers le Nord. Nous rencontrons Catherine et Roman, un couple americano-suisse avec qui nous passons plusieurs heures en voitures.

Chacun de nous a amené un petit compagnon de voyage…

Comme ils sont en plein road trip nous en profitons pour passer un très bon moment avec eux et faire un peu de tourisme. Comme nous ils sont très heureux de découvrir la côte Ouest de l’Oregon et ses beaux paysages.

Ils nous déposent à Reedsport. De là, la recherche de voiture va très largement se compliquer. Chaque attente est très longue et à chaque fois nous sommes emmenés à quelques kilomètres seulement. Nous nous retrouvons même à l’arrière d’un pick-up en plein froid, et ce n’est vraiment pas agréable.

Puis, à la fin de journée nous montons finalement avec Michael, qui vit dans sa voiture avec sa chienne Frida. Après avoir bien sympathisé avec lui, il nous propose de partager sa zone de campement du soir, et nous acceptons avec plaisir.

Nous recherchons un emplacement de camping payant à se partager, mais au vu des prix nous préférons finalement nous éloigner dans la forêt nationale au Nord de Florence (ville dont nous apprécions une fois de plus la très belle côte), où nous plantons notre tente à côté de sa voiture.

Nous partageons le repas qu’il a trouvé dans les poubelles (en bon état) avant de partir se coucher.

La nuit est terrible ! Il pleut des cordes sans arrêt, et au réveil l’eau a commencé à entrer dans la tente. Heureusement, Michael nous a donné une bâche à mettre en-dessous pour la nuit, sinon nous aurions été encore plus trempés ! Mais impossible de la replier, elle est devenue trop lourde et trop épaisse.

Michael nous dépose à Newport, où nous tentons de faire sécher la tente. Mais comme la journée s’annonce encore entièrement pluvieuse, il semble impossible de pouvoir dormir à nouveau dedans le soir-même. Nous nous installons donc au Macdonald, d’où nous nous connectons à internet pour faire des demandes de logement Couchsurfing. Plusieurs heures après nous recevons une réponse positive de Heather, qui habite à environ 10 km de là, à Toledo. Elle n’est pas encore rentrée chez elle mais nous dit d’aller l’attendre là-bas jusqu’au soir, puisque sa maison reste toujours ouverte ! C’est incroyable une telle confiance. Donner son adresse à des gens que l’on ne connaît pas, et leur dire de faire comme chez eux en attendant son retour…c’est inimaginable. Même nous, nous ne le ferions pas.

En l’attendant nous nous installons donc dans le salon, et nous en profitons pour mettre notre tente à sécher. Elle rentre quelques heures plus tard et nous installe dans une chambre avec salle de bain privée ! Après la nuit que nous avons passé dans la forêt, nous avons l’impression d’être reçus dans un hôtel de luxe ! Et tout ça grâce à une femme qui a accepté d’ouvrir sa porte à des inconnus. Nous serons toujours étonnés de la gentillesse et la confiance accordée par les personnes rencontrées durant ce voyage !

Finalement, nous passons une deuxième nuit chez Heather. Elle profite de cette journée pour nous emmener voir son studio de peinture. Car Heather est une artiste, mais une artiste très particulière.

Sa technique de peinture : le Gyotaku, art venu tout droit du Japon. Si vous n’en n’avez jamais entendu parler pas d’inquiétude, nous ne connaissions pas non plus, même après avoir été au Japon !

Le Gyotaku est une technique qui consiste à reproduire des empreintes de poissons sur du papier. Jusque là rien d’étonnant. Sauf que pour se faire, il faut utiliser des cadavres de vrais poissons ! Le but est donc de déposer de la peinture sur le poisson, puis d’appliquer un papier sur lequel on frotte pour transférer l’empreinte. Pour finir, l’œil est dessiné à la main, et on peut encadrer le résultat ! Nous savons qu’il existe de nombreuses techniques d’arts, mais aussi bizarre que celle-ci, nous n’en n’avons encore jamais vu ! Même s’il faut avouer que le résultat n’est pas si mal que ça…Surtout qu’Heather n’utilise pas que des poissons, mais également des feuilles séchées qu’elle décalque sur des t-shirts, des cartes postales etc…

Heather pose devant l’une de ses plus grandes œuvres

Comme c’est une technique très peu courante, Heather est assez connue dans le pays. Elle est déjà passée à la télévision et donne des cours à des personnes venues de tous les États-Unis.

Après cette belle découverte, elle nous emmène voir le marché local de Newport, puis le très joli bord de mer où elle ramasse plusieurs algues pour ses prochaines peintures.

Le midi elle nous offre un très bon restaurant illimité avant de nous emmener voir la boutique dans laquelle elle vend ses tableaux sur le port de Newport.

Sur le port nous retrouvons toute une famille d’Otaries se reposant au soleil. On se croirait revenus à San Francisco !

Pour finir, elle nous emmène…à la SPA ! Non ce n’est pas pour nous offrir un chien, mais pour récupérer des chatons qui viennent de naître, mais qui ne peuvent pas être mis à l’adoption tant qu’ils n’ont pas été sevrés ni castrés. Nous découvrons alors qu’elle est famille d’accueil et prend très souvent chez elle des petits chatons en attendant leur adoption. Ce jour-là, elle en prend 6, pour notre plus grand plaisir ! Nous passons le reste de la soirée à nous occuper d’eux.

Le lendemain, après un très gros petit déjeuner, Heather nous emmène de nouveau dans son studio, où elle tient à nous préparer des panneaux qui nous seront bien utiles pour continuer l’auto-stop. Nous la remercions très chaleureusement pour son geste (même si les panneaux sont un peu gros et difficiles à transporter).

Elle nous dépose ensuite sur la bonne route, et nous la remercions une nouvelle fois pour ces deux incroyables jours que nous avons passés avec elle. Nous avons fait de belles découvertes et surtout, nous avons pu nous reposer au sec, après la nuit très compliquée passée dans la forêt.

Le problème c’est que quelques centaines de mètres avant notre spot, un accident vient juste d’avoir lieu. Et comme il y a plusieurs voitures de police et pompiers sur place, les gens semblent avoir peur de s’arrêter pour nous prendre. Nous attendons donc environ 2h avant qu’une dame ne nous fasse monter avec elle. Elle devait nous emmener à quelques dizaines de kilomètres de là, mais finalement va beaucoup plus loin que prévu ! Tout comme la dame qui nous prend à sa suite et nous dépose carrément à Portland, juste à côté de la maison de notre hôte du soir : Diane. Sans doute faisons-nous bonne impression à nos chauffeurs…

En arrivant devant la maison de Diane nous hésitons à faire demi-tour. Les murs sont remplis de tags et de nombreux déchets recouvrent le jardin. Pour couronner le tout, un homme déguisé en banane nous ouvre la porte et nous invite à entrer sans jamais nous adresser la parole. L’intérieur est encore pire que l’extérieur, les murs sont recouverts de dessins et d’écritures, sans parler des nombreux matelas installés au sol. On croirait un squat…

Comme Diane ne semble pas être arrivée et que nous ne sommes vraiment pas à l’aise avec cette étrange banane, nous partons visiter le centre-ville de Portland. Il n’y a vraiment rien d’exceptionnel et le tour est vite fait.

Lorsque nous retournons à la maison nous faisons enfin la connaissance de Diane, très gentille, et de l’homme banane qui, après avoir un peu discuté avec lui, s’avère également être très gentil (il s’était simplement amusé à nous faire une blague pour nous faire peur). Mais ce n’est pas tout car avec beaucoup d’étonnement nous découvrons que Diane vit avec 5 colocataires. Et ce soir-là ce n’est pas moins de 10 couchsurfeurs qu’ils accueillent !

Ils nous expliquent que la maison va être détruite dans pas longtemps et que du coup, en tant que locataires, ils ont décidé que quitte à devoir partir bientôt, autant s’amuser à y faire ce qu’ils veulent (avec l’accord du propriétaire)…c’est une façon de voir les choses.

Pour nous qui sommes très calmes et qui n’aimons pas trop les rassemblements de ce genre, l’ambiance est un peu trop loin de notre confort habituel. Et même si tout ce petit monde est très gentil ( ils nous emmènent manger dans un « Food Court » très sympathique) la soirée nous paraît bien longue.

Le soir nous dormons dans la cave, que nous partageons avec un autre couple, sur nos matelas gonflables.

Nous devions normalement rester deux nuits, mais vu l’ambiance dans la maison et le fait que la ville ne nous plaît pas du tout, nous décidons de partir plus tôt que prévu. Nous faisons des demandes sur Couchsurfing pour la ville d’Olympia, et nous recevons pas moins de 6 réponses positives ! Bien sûr nous choisissons le premier qui nous as répondu. Nous enchaînons 3 voitures pour nous rendre là bas (dont un taxi qui nous prend gratuitement!).

Deux hommes nous ouvrent la porte, mais aucun d’eux n’est notre hôte. Pire que ça, aucun des deux ne semble au courant de notre venue. Ils nous acceptent tout de même mais une fois de plus, nous ne sommes vraiment pas à l’aise. Heureusement notre hôte, Alejandro, fini par arriver quelques temps plus tard et dissipe le malaise.

C’est finalement cinq hommes avec qui nous passons la soirée, mais nous nous sentons vraiment en sécurité avec eux malgré tout. Nous passons une très bonne soirée, calme, à discuter tous ensemble. Puis nous nous installons sur les canapés du salon pour la nuit.

Le lendemain nous faisons la route pour Seattle. Nous sommes prit en stop par un jeune qui n’avait pas du tout prévu d’aller là-bas, mais qui nous explique que comme il n’a rien à faire, il a décidé de nous emmener à destination ! Non content de nous faire faire une longue route, il nous offre en plus d’excellents éclairs au sirop d’érable (pourtant, nous ne sommes pas encore au Canada…).

Il nous dépose à Fremont, un quartier au Nord de Seattle où nous attend notre hôte Couchsurfing du soir. En attendant son retour du travail, nous nous installons dans très joli parc, avec une vue imprenable sur Seattle et sa baie.

Puis nous rejoignons Peter à la marina. En effet à Seattle, une grande partie de la population vit sur l’eau. Et non pas sur de simples bateaux, mais bel et bien dans de véritables maisons flottantes.

Pour notre part, c’est bel et bien dans un bateau tout ce qu’il y a de plus basique que nous allons passer la nuit, mais nous en sommes déjà très heureux ! C’est une expérience des plus inédites lors de ce voyage. Surtout que l’intérieur est superbement aménagé, et nous avons même droit à la cabine de la proue ! C’est génial, dommage que l’on ne parte pas naviguer…

Peter est très accueillant, nous passons une excellente soirée au gré de la houle qui secoue légèrement le bateau. Heureusement nous n’avons pas le mal de mer !

Finalement nous restons deux nuits avec lui. Comme il travaille, c’est à pied que nous rejoignons tous les deux le quartier international le lendemain (situé tout de même à presque 10 kilomètres de là!) puis le centre-ville.

Comme souvent aux Etats-Unis, Seattle est une ville des plus basiques où il n’y a pas grand-chose à voir (hormis les quais où de nombreuses et belles maisons flottantes attirent le regard).

Nous nous baladons un moment sur les quais de l’ouest (très touristiques) puis dans le marché couvert de Pike Place qui rassemble un nombre impressionnant de boutiques toutes plus originales les unes que les autres.

De retour au bateau, nous passons malheureusement la soirée seuls, puisque Peter est bloqué à son travail. Ce n’est que lorsque nous partons nous coucher qu’il rentre finalement, à plus de 23h ! Nous avons donc juste le temps de lui dire bonne nuit. En contrepartie nous prenons un gros petit déjeuner avec lui le lendemain matin avant qu’il ne reparte au travail. Pour notre part, nous restons jusqu’à midi, le temps que la pluie se calme (car bien sûr comme il vit sur un bateau, il n’y a pas de porte à fermer en partant, nous pouvons entrer et sortir comme nous voulons. Mais comme il vit sur un quai sécurisé cela ne pose pas de problème).

Puis nous reprenons l’auto-stop. Ce jour-là tout se passe pour le mieux, puisqu’au bout de 5 minutes à peine un jeune s’arrête pour nous prendre : Oliver. Il n’avait prévu de faire que quelques kilomètres avec nous, mais comme il n’a rien à faire avant plusieurs heures et que nous sympathisons très facilement grâce à un échange de chansons respectives, il nous amène directement à notre objectif du jour : Bellingham, après nous avoir offert un très bon et gras fast food. Ce n’est pas la première fois que des gens nous emmène beaucoup plus loin que prévu, mais nous sommes toujours impressionnés par cet excès de gentillesse !

Arrivés à Bellingham nous contactons notre hôte Couchsurfing du soir : Zara, qui viens nous chercher directement dans le centre-ville pour nous ramener chez elle. Nous faisons la connaissance de son adorable chat : Amelie, et nous nous installons dans la chambre de sa colocataire, absente cette nuit-là.

Zara est une hôte très calme et c’est avec un très grand plaisir que nous passons la soirée à discuter et rigoler avec elle. Dans l’ensemble, nous aurons vraiment eu de très bons contacts sur la côte Ouest des Etats-Unis, et nous espérons qu’il en soit de même dans le reste du pays et au Canada.

Zara nous dépose d’ailleurs le lendemain sur l’insertion d’autoroute, d’où une voiture nous emmène directement à la frontière du Canada ! C’est la frontière la plus simple que nous aillons passé : à peine 10 minutes, juste un tampon posé sur notre passeport et nous voilà de l’autre côté ! Nous avons vraiment hâte de découvrir cet immense pays dont nous entendons parler depuis si longtemps…

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