Le « Keihanshin », ou conurbation d’Osaka-Kobé-Kyoto (qui signifie « Groupement de villes dont les banlieues ont fini par se rejoindre ») où nous faisons notre arrivée au Japon, est sans doute l’une des zones les plus prolifiques et des plus productives au monde.
Nous commençons notre découverte de ce géant de l’économie par Kobé, où nous résidons chez une famille adorable à une quinzaine de kilomètres du centre : chez Yuki et Chieko ainsi que leur petite fille de 5 mois qui nous accueillent par le biais du site internet « Couchsurfing ».
Dés notre arrivée nous nous sentons directement comme à la maison. Ils nous laissent leur chambre, malgré notre insistance à refuser. Le soir nous découvrons un nouveau repas spécifiquement japonais et vraiment excellent : c’est un « Hot Pot ». Il s’agit d’un gros récipient posé au milieu de la table sur un feu, dans lequel ils font bouillir de tout et de rien : des légumes, du poisson, de la viande etc… Le mélange est excellent et on se remplit bien le ventre autour de la table, toujours dans la coutume japonaise, assis au sol.
On se couche vraiment très tard ! On ne voit pas le temps passer avec ce couple si sympathique et le lendemain le réveil est également très tard pour partager le petit-déjeuner avec Chieko. Malgré le fait que nous soyons samedi, Yuki est absent toute la journée, car il part faire du golf avec ses collègues de travail. Même le week-end, les japonais ne sortent finalement vraiment jamais de leur esprit travailleur !
Nous passons une journée à ne rien faire. La veille nous avons visité un peu la ville de Kobé avant de se rendre chez nos hôtes, et à part un quartier très étrange, qui fait beaucoup penser à un vieux quartier parisien qui aurait été laissé à l’abandon, il n’y a vraiment pas grand-chose à voir.
Nous sommes également passés dans les quartiers typiques que l’on peut retrouver dans pratiquement chaque ville japonaise : Chinatown et les arcades commerciales.
Nous jouons beaucoup avec la petite et nous lui faisons écouter des comptines françaises. Nous cuisinons également toute l’après-midi afin de leur préparer un repas français comme ils nous l’ont demandé la veille. Le problème c’est qu’au Japon, les ustensiles de cuisine sont très limités. Après avoir préparé la pâte pour la brioche et le gâteau au yaourt, on se rend compte qu’il nous manque plein de choses, comme par exemple le fouet ou encore un plat à cake ! On fait donc avec les moyens du bord, mais c’est loin d’être une réussite.
Dans le magasin Cotsco (chaîne américaine dans laquelle on peut trouver de tout en grosses proportions) nous avons également réussit à dénicher du fromage à fondue, que nous leur préparons pour le soir. Mais comme toute la nourriture que l’on peut trouver au Japon, les adaptations des cuisines étrangères ne sont pas toujours très réussies. Et si vous passez par là, on vous déconseille très fortement le fromage à fondue. On croirait vraiment du Kiri !
Nous passons malgré tout une très bonne soirée. Le lendemain, le réveil est un peu plus tôt puisque nous passons la journée avec plusieurs de leurs amis sur la plage à quelques kilomètres de chez eux. Nous nous y rendons à pied, avec une petite remorque entière de nourriture tirée par l’un de leurs amis…C’est un vrai festin !
En fait la zone est assez étrange : il s’agit d’une plage délimitée en plusieurs carrés, que l’on peut réserver gratuitement, et où les familles viennent passer certains après-midi autour d’un barbecue. Ce jour-là, la plage est noire de monde !
Le temps que leurs amis préparent le barbecue, Chieko et Yuki nous emmènent voir un peu plus loin le pont du détroit d’Akashi : le plus grand pont suspendu au monde.
Ils nous offrent l’entrée et nous empruntons l’ascenseur pour monter. Il est vrai que la hauteur est assez effrayante ! Mais on a une très belle vue sur la ville de Kobe et ses alentours.
Après avoir fait le tour, nous redescendons prendre encore quelques photos souvenir (au Japon, prendre des photos est un véritable sport, et chaque japonais s’y attèle avec beaucoup de passion).
Nous rejoignons ensuite leurs amis afin de partager l’excellent barbecue qu’ils ont préparé. Nous passons toute l’après-midi ici, à essayer de discuter avec leurs amis qui ne parlent pas anglais. Ils rigolent beaucoup et ouvrent un peu trop de bouteilles de vin et de champagne. On se sent très à l’aise avec eux, comme lors d’un repas de famille !
Mais bien sûr, la journée ne dure pas éternellement. Et le soir nous devons partir car Chieko et Yuki ne pouvent malheureusement pas nous garder une nuit de plus. Nous avons donc fait des demandes « Couchsurfing » sur Osaka, et un nouvel hôte nous attend. Ils nous déposent à environ 10km de chez eux, et nous laissent comme souvenir un smartphone qui était destiné à la poubelle ! Au Japon la technologie est une part très importante de leur culture, et ce téléphone, malgré le fait qu’il soit déjà beaucoup trop bien pour nous, ne leur suffit plus et ils souhaitent en changer !
C’est donc avec plaisir que nous échangeons notre tout petit téléphone français contre un nouveau smartphone ! Nous quittons Chieko et Yuki avec grand regret. Nous avons passés tellement de bons moments avec eux que nous avons l’impression de quitter notre maison pour ne jamais y revenir…
Nous reprenons tristement le stop en direction d’Osaka, situé à à peine 40km de là. Mais le problème, c’est que les villes de Kobe et d’Osaka sont reliées comme une seule et même ville et Kobe ne se finit donc jamais. Nous sommes obligés de faire du stop en pleine ville, alors qu’il fait déjà nuit et que nous portons de très lourds sacs de jeux-vidéos achetés par Julien durant son séjour à Kobe. Autant dire que ça ne fonctionne absolument pas ! Nous sommes donc obligés de prendre le train puis le métro afin de nous rendre chez Roy, notre hôte Norvégien de ce soir.
Mais la soirée ne se passe pas exactement comme prévu. En effet Roy vit dans une sorte de maison partagée avec une dizaine d’autres personnes. Chacun possède sa propre chambre, mais ils doivent se partager les pièces communes, la cuisine et la salle de bain, sans qu’il s’agisse pour autant d’une collocation. Le problème, c’est que Roy n’a prévenu aucun des autres habitants de notre venue. Et après avoir discuté un peu avec nous, et nous avoir un peu obligés à jouer avec lui à la console, il déclare qu’il va se coucher, et nous laisse dans le salon en nous expliquant que nous devons nous arranger un lit avec les canapés.
Durant toute la soirée, les autres habitants vont donc découvrir avec surprise deux étrangers dans leur salon. Tout le monde nous demandera ce que nous faisons ici, et une fille nous demandera même si nous sommes des SDF qui recherchent un toit. Heureusement nous sympathisons avec un groupe de Japonais, et c’est avec eux que nous passons une bonne soirée et que nous échangeons quelques bières.
Et le lendemain matin, lorsque nous frappons à la porte de Roy pour lui dire aurevoir, celui-ci nous répond à peine. On regrette vraiment de ne pas être restés plus longtemps chez Chieko et Yuki !
Mais heureusement, nous avons eu une autre réponse positive sur « Couchsurfing » pour Osaka, et nous décidons donc de changer de logement pour ce soir.
N’ayant rendez-vous qu’à 20h, nous passons toute l’après-midi à faire les boutiques de jeux-vidéos, puis nous partons rejoindre Takuro et Ayaka. Nous ne regrettons vraiment pas d’être partis de chez Roy pour venir passer deux nuits chez eux. Ils sont vraiment très accueillants et leur appartement est superbe !
Nous passons la soirée autour de la table, assis sur le sol à discuter de tout et de rien. Tous les deux parlent parfaitement anglais et c’est très agréable de pouvoir discuter de vive voix, et non pas avec des gestes ou grâce aux traductions approximatives de « Google Traduction », que chaque japonais se doit d’avoir sur son téléphone, car la plupart d’entre eux veulent être sûrs de pouvoir discuter avec les étrangers !
Nous passons deux nuits chez Takuro et Ayaka. Malheureusement tous les deux travaillent beaucoup et nous n’avons pas la chance de passer beaucoup de temps avec eux. Nous en profitons donc pour visiter un peu la ville.
Osaka est beaucoup plus intéressant que Kobe. On peut y visiter de nombreux sanctuaires (pour la religion Shinto) et temples (pour la religion Bouddhiste), les deux religions majoritaires du Japon, ainsi que certains monuments à la gloire de leurs dieux, disséminés un peu partout dans la ville.
Nous nous baladons également le long des gigantesques rues commerciales, décidément très typiques du Japon mais qui pour une fois sont beaucoup plus animées et colorées que ce que nous avons eu l’habitude de voir dans le reste du pays.
L’ambiance d’Osaka est également beaucoup plus folle que dans la plupart des autres villes japonaises. Il y a vraiment beaucoup de monde, de restaurants animés et de salles d’arcade, où nous nous laissons tenter par un jeu de musique vraiment très sympa (même si notre niveau de jeu n’a rien à voir avec celui des japonais…).
Dans la rue, nous sommes interpellés par une équipe de télévision qui souhaite emmener des touristes jouer au Pachinko (jeu de Casino) pendant plus de 2h, tous frais inclus. Nous refusons, par peur d’arriver trop en retard chez Takuro et Ayaka, mais nous regretterons sans doute toujours notre décision !
Le soir nous avons le plaisir de manger à nouveau un « Hot Pot », et Takuro et Ayaka ouvrent même une bouteille de vin ainsi qu’un fromage et un gâteau au chocolat qui viennent tout droit d’une boutique française !
En discutant avec eux, ils acceptent que nous restions une nuit de plus. Nous passons notre deuxième journée de visite sous la pluie, à nous reposer dans les parcs et à marcher le long des rues commerçantes.
Nous nous baladons également dans le parc du château, vraiment très beau. Mais nous ne visitons pas le château en lui-même, de nouveau trop cher pour notre budget.
Le soir, c’est à notre tour de faire la cuisine. Nous leur préparons des petits canapés au jambon-fromage ainsi que du pain perdu. Ce n’est certes pas de la grande cuisine, mais ils ont l’air d’apprécier !
Nous avons finalement passé trois nuits avec cet adorable couple et nous ne le regrettons absolument pas ! C’est incroyable de voir à quel point il est simple de s’attacher aux Japonais ainsi qu’à leur culture ! En reprenant le stop en direction de Kyoto, nous espérons que la suite se passera tout aussi bien.
Et ça commence même très bien, avec Yumiko qui nous prend en stop en quelques minutes et qui nous emmène directement à Kyoto, ville que l’on attendait avec impatience depuis notre arrivée dans le pays.
La rencontre avec Yumiko est un peu particulière. En effet, il s’agit d’une japonaise propriétaire d’un restaurant japonais, d’un bar à Whisky et d’un bar Karaoké, ce qui est très rare pour les femmes japonaises qui pour la plupart restent à s’occuper de la maison et des enfants. La veille, elle a eu une discussion avec ses amies sur le fait de profiter plus de la vie, de voyager et de faire des choses différentes de leurs habitudes, afin de sortir un peu de l’oppression du style de vie japonais. Et c’est pour ça que ce jour-là, elle a décidé de faire quelque chose « d’extraordinaire » et de « surprenant », en prenant pour la première fois de sa vie des auto-stoppeurs ! On a du mal à imaginer la chance que l’on a de rencontrer une femme comme ça, et surtout d’avoir eu la chance de croiser son chemin ce jour-là.
Non contente de nous emmener directement à Kyoto, elle nous propose de passer la journée avec elle afin de visiter un peu la ville en voiture, ce qui sera sans doute plus simple qu’à pied puisque Kyoto est une ville vraiment très étendue.
Elle nous emmène tout d’abord voir le Shrine Fushimi-Inari-Taisha, construit en 711.
Il s’agit du sanctuaire le plus incontournable de Kyoto, principalement à cause de ses mille torii (portails traditionnels japonais) marquant l’entrée du grand sanctuaire Fushimi Inari, sanctuaire-mère de tous les sanctuaires Inari du Japon (type de Sanctuaire Shinto dédié au culte du Dieu Inari).
La visite est impressionnante, et il s’agit sans doute de la chose la plus magnifique que nous ayons jamais vu au Japon, malgré l’énorme flux de touristes s’étant déplacé ce jour-là.
Malheureusement, le sanctuaire s’étend sur une grande partie de la montagne (870 000 m²) et il faut au moins 3 à 4 heures pour atteindre le monument du Fushimi Inari situé tout en haut de la montagne. Nous, nous n’y restons qu’une heure (et le sanctuaire étant placé vraiment à l’extérieur de la ville, nous ne pourrons y revenir à pied plus tard). Nous ne verrons donc pas le Fushimi Inari, mais nous avons tout de même déjà énormément apprécié notre visite !
Le midi, Yumiko nous emmène retrouver son amie Miyuki, qui nous offre un restaurant italien (elles commandent presque tous les plats de la carte à se partager. Il s’agit en fait de toutes petites portions mais qui n’ont parfois rien à voir avec la nourriture italienne !)
Après le repas, nous accompagnons les deux amies au musée du Whisky (fabrique Santory), où Yumiko compte bien trouver des idées à mettre dans son bar. Mais pour visiter la fabrique, il faut réserver trois mois à l’avance ! Nous ne visitons donc que la partie musée et boutique avant de repartir vers Kyoto. Elles nous déposent dans le centre-ville, et après les avoir remercié de l’excellent après-midi que nous avons passé avec elles, nous partons à la recherche d’un hôtel.
En effet, nous n’avons eu aucune réponse sur le site internet « Couchsurfing » et il n’y a pratiquement aucune maison dans le centre où frapper. Mais par chance, nous trouvons à nous loger dans un hôtel pas trop cher. Et en prime, il s’agit d’un hôtel-capsule ! On ne voulait pas partir du japon sans en avoir essayé au moins un.
Mais la réalité est bien différente des photos que l’on a pu voir sur ce type d’hôtel : c’est encore mieux en vrai ! Les cases sont beaucoup plus grandes que ce qu’on imaginait (on pensait vraiment que ce serait comme des tiroirs !) et tout y est impeccable et bien organisé. On ne peut pas marcher avec nos chaussures, on a nos propre casiers, un store pour l’intimité, ainsi qu’une lampe et des prises dans chaque lit. C’est vraiment très confortable !
Malheureusement nous ne pouvons rester plus d’une nuit ici, car même si le prix était abordable, il s’agissait d’une promotion valable pour une nuit seulement. Nous repartons le lendemain à la visite de la ville avec nos sacs à dos.
Avec ses 1 700 Temples Bouddhistes et ses 700 Sanctuaires Shinto à visiter, Kyoto est considéré comme le centre culturel du Japon. Incapables de tous les visiter, surtout à pied avec nos sacs à dos, nous devons faire un choix. Lorsque nous étions à Fukuoka, une amie d’Akemi, notre hôte de l’époque, nous avait offert deux billets afin de visiter le temple Kodaiji. Nous nous y rendons donc, en nous arrêtant visiter quelques Sanctuaires et Temples sur la route, tels que les temples Higashi-Honganji, Rokuharamitsuji et Kenninji, ou encore le Shrine Yasui Konpiragu.
Nous passons ensuite au milieu d’un quartier résidentiel de maisons traditionnelles japonaises, où l’on croise beaucoup de touristes en habits traditionnels, ce qui ajoute une touche de rêve à cette ambiance déjà très typiquement culturelle de Kyoto !
Puis nous entrons enfin dans le temple Kodaiji.
Il s’agit d’un temple zen dans lequel l’ambiance est vraiment calme et très appréciable. Nous voguons entre les différents temples, nos chaussures à la main.
Il n’y a pas grand monde, puisque ce temple n’est sans doute pas le plus connu de Kyoto, mais on ne s’en plaint pas !
On y reste un moment (heureusement, nous avons pu déposer nos sacs à l’accueil) puis nous repartons vers le centre-ville, en visitant au passage le Shrine Yasaka Jinja.
Comme d’habitude, l’une des principales attractions d’un centre-ville japonais sont les arcades commerciales. Mais cette fois-ci, on peut en plus y trouver des petits temples et sanctuaires disséminés un peu partout entre les boutiques de souvenirs et les restaurants.
Et comme dehors la tempête fait rage, nous sommes obligés de nous abriter sous les arcades le temps que la pluie se calme.
Nous avions prévu de camper quelque part ce soir mais le sol sera trempé quoi qu’il arrive. Même si la pluie semble se calmer un peu, nous sommes malheureusement obligés de revoir nos plans, et de réserver un nouvel hôtel, cette fois plus central et situé dans une vieille maison traditionnelle japonaise.
Sur le chemin nous nous arrêtons dans le parc du Kyoto-Gosho, le Palais Impérial. Mais il est déjà tard, et malheureusement le Palais est déjà fermé. Et comme il fait nuit et qu’il n’y a absolument aucune lumière dans le parc, on ne peut même pas l’apercevoir. Nous nous dirigeons donc vers l’auberge de jeunesse, après un dernier petit arrêt au sanctuaire Goo-Jinja.
Nous avons la très grande chance d’arriver à l’auberge le jour où les propriétaires offrent un repas à tous les résidents ! Nous passons donc une très bonne soirée en compagnie de tous les touristes venus passer leurs vacances ici, y compris un couple de français avec qui nous sympathisons et qui résident à Kyoto depuis déjà 15 jours !
Malheureusement pour nous, notre budget ne nous permet pas de rester plus longtemps ici, même si nous aurions beaucoup aimé rester plusieurs jours afin de visiter un maximum de temples. Car après tout, ce n’est pas tous les jours que l’on a la chance d’être dans une ville si ancrée dans la tradition et le respect de la culture nationale !
C’est donc très déçus de ne pouvoir découvrir plus de cette incroyable ville entre tradition et modernité que nous reprenons la route en direction de Nagoya, notre prochaine destination, où nous avons déjà trouvé quelqu’un pour nous accueillir. Car même si les hôtels japonais sont très agréables (qu’il s’agisse de dortoirs ou non), rien ne remplacera jamais le contact avec les locaux, qui sont la plupart du temps plus importants que le fait de visiter les endroits où l’on se trouve. Et au Japon, l’échange avec les locaux et leur mode de vie est une chose vraiment exceptionnelle !