Après avoir quitté les îles Lofoten, nous sommes déposés à Evenskjer par nos deux amis Espagnols. Et cette fois-ci nous savons que nous ne les retrouverons pas une troisième fois sur la route, puisqu’ils prennent l’avion le lendemain matin pour rentrer en Espagne.
Nous reprenons donc le stop sous un froid glacial. En effet, depuis que nous avons quitté les Lofoten, nous avons perdu à la fois le beau soleil, mais également plus d’une dizaine de degrés en quelques heures. Et le vent glacial s’engouffre dans chaque parcelle de notre corps, ce qui rend l’attente vraiment difficile. Heureusement pour nous, nous n’attendrons que 15 minutes avant qu’un jeune, Alex, ne nous dépose à Bjerkvik.
Le soir étant déjà bien entamé, nous commençons à frapper aux portes. Après un refus et une demi-douzaine de maisons vides, nous nous retrouvons finalement devant une propriété immense, avec une très belle vue sur les montagnes. Nous y faisons la rencontre de Svein-Magnus et de Marit, qui nous autorisent très gentiment à planter la tente dans leur jardin.
Nous aurons un accès à la douche ainsi qu’un excellent repas, bien consistant, servi aux chandelles dans l’immense cuisine. Il faut dire que Svein-Magnus est un ancien chef renommé qui possédait son propre hôtel-restaurant. Rien de plus normal à ce que sa cuisine soit excellente !
Nous aurons droit au même repas délicieux le lendemain matin avant de repartir sur la route. Alors que nous faisons du stop depuis environ 15 minutes, une camionnette s’arrête à nos côtés avec au volant le sosie de Pascal Obispo ! Malheureusement pour lui, lorsqu’il sortira de sa camionnette afin de nous ouvrir la porte arrière, il se retrouvera coincé à l’extérieur, le moteur tournant toujours avec les clés sur le contact ! Impossible d’ouvrir les portes. Nous mettrons en tout plus d’une demi-heure à trouver une solution (en passant un morceau de bois à travers la fenêtre très légèrement ouverte afin d’appuyer sur la poignée…il fallait le faire !).
Après une demi-heure de stress pour notre chauffeur, nous voilà partis en direction de Skibotn. Sur le chemin nous apprenons qu’il possède des origines Sami, le premier que nous rencontrons alors que nous n’avons pas encore atteint cette zone située plus au Nord des pays Scandinaves.
A Skibotn, nous nous reposons quelques instants afin de manger et de visiter quelques minutes cette petite ville. Puis nous nous postons de nouveau sur le bord de la route. Mais au bout de quelques minutes, une jeune fille, Carla, vient nous voir en nous expliquant que si nous n’avons rien trouvé pour dormir d’ici ce soir, nous pouvons lui téléphoner afin qu’elle nous loge chez elle.
Sur le coup nous avons du mal à comprendre cette proposition alors que nous n’avions pour une fois rien demandé, et que nous ne l’avions jamais vu ! Mais difficile de refuser lorsque l’on nous propose un lit, même si ce jour-là nous n’avions avancé que de très peu de kilomètres. Nous acceptons donc sa proposition et nous attendons qu’elle finisse son travail au petit musée du village avant de la rejoindre.
Finalement, le logement ne sera pas du tout ce que nous avions imaginé. Il ne se situe pas chez elle, mais dans le jardin de son père qui est absent. Il s’agit en fait d’une petite maison vraiment très mignonne et ancienne, dans lequel nous avons droit à un lit mais pas à l’’eau courante.
La douche est inexistante et les toilettes se situent au fond du jardin. Pour un peu on se croirait presque dans « La petite maison dans la prairie » ! Mais qu’importe l’absence d’eau, au moins nous avons l’occasion de dormir dans un nouveau logement insolite !
Malheureusement, Carla ne passera pas la soirée avec nous, et nous ne la reverrons même pas le lendemain matin… Dommage de ne pouvoir la connaître plus alors qu’elle nous offre tout de même un toit pour la nuit ! Mais tout ne se passe pas toujours comme on le souhaiterait durant ce voyage, et cette nuit nous aura au moins permit de bien nous reposer pour reprendre l’auto-stop le lendemain, sous le froid et la pluie.
Heureusement, pour cette nouvelle journée nous trouvons très rapidement une voiture. Enfin, si l’on peut qualifier cela de voiture ! Il s’agit plutôt d’une grosse camionnette aménagée par le père de famille afin d’accueillir lui, sa femme, leurs 4 enfants, ainsi que 2 passagers supplémentaires.
Nous passons toute l’après-midi avec cette famille très amusante, avant d’être déposés à Alta après 5h de route et presque 400km. Sur la route nous aurons la chance d’apercevoir pour la première fois des Rennes, au milieu des voitures !
Ils nous déposeront à 5km du centre, au musée de la ville que l’on nous a conseillé plusieurs fois. Malheureusement, malgré tout ce que l’on avait pu entendre, le musée se trouve être payant. Nous n’irons donc pas le visiter et nous rejoindrons le centre-ville d’Alta à pied. Mais une fois de plus, nous nous rendons compte que les grandes villes sont loin d’être des attractions touristiques dans ce merveilleux pays. Nous ne trouvons en effet rien à voir dans le centre-ville, et nous reprenons directement le stop, toujours en direction du Nord.
Pour la première fois, deux voitures s’arrêteront exactement au même instant pour nous prendre, nous n’aurons donc que l’embarras du choix ! Mais par politesse nous monterons tout de même dans la première des deux voitures, qui nous emmènera jusqu’à Skaidi. Comme il est déjà assez tard nous commençons nos recherches pour la nuit. Malheureusement pour nous, nous nous trouvons en réalité au beau milieu d’un village de vacances. Nous ne trouvons donc que des maisons fermées, où habitées par des touristes loin d’être très amicaux. Après 7 ou 8 refus, nous arrivons au bout du village. Plus aucune maison à l’horizon ! Nous sommes donc obligés de rebrousser chemin vers la route principale, et de reprendre le stop alors qu’il est déjà 20h et que la pluie commence à tomber. Après une demi-heure d’essai, en désespoir de cause, nous nous rendons à la station essence du village, afin de demander si quelqu’un ne pourrait pas nous aider. Un jeune qui travaille dans la station part chez lui demander à sa famille la permission de nous accueillir, mais il revient avec une réponse négative. Nous sommes donc contraints de faire du stop actif avec les rares voitures s’arrêtant sur l’aire.
Heureusement pour nous, nous trouvons finalement un camping-car belge acceptant de nous conduire jusqu’au prochain village : Olderfjord. Cet homme solitaire voyage depuis 3 ans avec son chien dans son camping-car, et ne semble pas pressé de rentrer chez lui ! N’ayant pas de place pour nous laisser dormir avec lui (son camping-car est aménagé par ses soins avec un coin salon, une grande salle de bain et une chambre séparée !) il nous dépose dans le petit village. Malheureusement nous aurons la mauvaise surprise de découvrir la même sorte de village qu’à Skaidi ! Difficile donc de trouver une maison habitée, et il est déjà 21h30 ! Heureusement que la nuit est toujours quasi-inexistante dans cette partie de la Norvège !
Mais nous finissons enfin par trouver un jardin pour planter notre tente, chez Franck et son fils Tim, ici en vacances pour quelques jours dans leur très joli petit cottage. Nous nous verrons offrir un café avant d’aller nous coucher. Un repos sans doute bien mérité après cette soirée très éprouvante.
Le lendemain, après un nouveau café et l’aide de Tim pour replier notre tente, nous retournons sur la route principale afin de nous diriger enfin vers le Cap Nord, qui marquera la fin de notre montée vers le Nord !
Le problème est que dans cette partie de la Norvège, les voitures se font encore plus rare que dans le Sud du pays ! Nous attendons donc 1h30 avant de trouver enfin un camping-car conduit par deux allemandes en vacances avec leur chien. Nous irons pratiquement jusqu’au bout avec elles. Nous finirons les 6km restants à pieds, sous la pluie et le froid. Mais nous ne le regretterons pas, puisque nous aurons l’occasion de croiser la route de nombreux Rennes, et même de trouver un bois de Renne pratiquement intacte que nous prendrons avec nous.
L’arrivée au Cap Nord sera enfin un soulagement après cette longue route. Et comme nous arrivons à pied, nous n’avons pas besoin de payer pour atteindre cette zone. Les seules personnes qui doivent payer sont celles qui arrivent en voiture. Cette loi créée dans le but de protéger l’environnement est vraiment intelligente ! Beaucoup d’autres pays devraient en prendre de la graine…
Mais finalement, quelle déception ! Le Cap Nord n’est en réalité rien d’autre qu’un attrape-touriste. Vous n’avez le droit d’observer qu’une boule en métal sur la pointe de la falaise (« observer » est d’ailleurs un bien grand mot, puisque le nombre de touristes se pressant pour pouvoir être prit en photo devant est tellement important, que vous n’avez que quelques secondes pour réagir lorsque personne ne vous cache la vue).
Et une fois que vous avez aperçu cette boule en métal ainsi que la falaise (qui est très jolie mais qui n’a rien d’exceptionnelle), vous pouvez toujours vous consoler avec les restaurants et les boutiques de souvenir hors de prix !
Et si vous voulez accentuer votre déception, vous pouvez regarder sur la gauche de la falaise, et ainsi observer le véritable Cap Nord (qui est légèrement plus au Nord que le Cap touristique) et que vous pouvez atteindre après 9km de marche. Dommage pour nous, nous ne nous sentons pas la force d’emprunter ce long chemin avec nos gros sacs, et surtout avec le temps maussade qu’il fait ce jour-là.
Il est donc temps pour nous de repartir. Après déjà presque 3 mois de voyage, et donc de montée vers le Nord afin d’atteindre le Cap Nord, nous changeons pour la première fois de direction, et entamons désormais notre descente vers Helsinki et la Russie.
Nous tentons de repartir du parking du Cap Nord en faisant du stop (et en s’abritant du vent entre chaque voiture de peur de s’envoler tellement il souffle fort ce jour-là…). Mais difficile de trouver une voiture voulant bien s’arrêter pour nous ! Nous choisissons donc la solution du stop actif, mais récoltons de nombreux refus. En effet, comme nous sommes en période de vacances, toutes les voitures sont pleines, et la plupart des camping-cars restent sur le parking pour la nuit.
Mais finalement, après presque une heure de recherche, nous finissons enfin par trouver un couple de Néerlandais qui nous conduit jusqu’à Skarsvag, à seulement quelques kilomètres du parking, mais déjà bien assez pour nous sortir de l’impasse. D’ailleurs, nous voyons encore leur voiture au loin lorsqu’une nouvelle s’arrête pour nous, avec 3 amis italiens, pour nous conduire jusqu’à Honningsvag, où nous visitons quelques instants le centre avant de chercher un toit pour la nuit.
Au bout de 3 essais, nous tombons sur Arne, qui nous fais une proposition. En effet, il ne reste pas chez lui ce soir, mais se rend dans son cottage d’été, à 250km de là, et il nous propose de venir avec lui. Nous acceptons donc avec plaisir, surtout que son cottage semble être dans un endroit totalement isolé et donc sûrement magnifique. Cette décision nous oblige à descendre vers le Sud, puis remonter de l’autre côté du Fjord afin d’aller se perdre dans le Nord du pays, dans un endroit qui est à l’opposé de la route que nous comptions emprunter le lendemain matin. Mais qu’importe, puisqu’Arne nous propose de nous remettre sur le bon chemin dès demain matin !
Nous acceptons donc avec plaisir et montons en voiture avec lui. Malheureusement, en route, nous apprenons que sa femme, qui attend au cottage, n’est pas du tout au courant de l’arrivée d’étrangers pour la soirée, et qu’il n’a pas jugé bon de la prévenir avant que nous ayons fait plus de 100km. Et comme nous pouvions nous y attendre, elle ne semble pas du tout d’accord pour nous accueillir.
Par la suite, Arne tentera de nous expliquer que depuis son cottage il n’existe aucun bus afin de nous rendre à la prochaine grande ville, et que pour nous ce serait beaucoup plus simple de rester sur la bonne route pour demain plutôt que d’aller se perdre dans la campagne profonde. Il décide donc de nous laisser dans la ville de Lakselv, à l’extrémité Sud du Fjord que nous étions censé contourner. Mais étant déjà 23h, nous nous sentons légèrement paniqués à l’idée d’être laissés dans une grande ville sans aucun contact pour dormir cette nuit.
Mais Arne nous fera la très grande surprise de nous réserver une chambre d’Hôtel, en nous expliquant qu’il avait promis de nous loger ce soir et qu’il ne voulait pas manquer à sa promesse. Quelle surprise pour nous de se voir offrir une chambre d’hôtel, et quelle difficulté à accepter un si beau cadeau !
Nous disons donc au revoir à Arne à l’accueil de l’hôtel, ne parvenant pas à choisir entre la déception de ne pas passer la soirée avec lui, et la joie d’un si grand cadeau qui est très difficile à accepter avec de simples « merci » qui n’ont pas grande valeur à ce moment-là.
Nous passons une nuit très reposante avant un petit déjeuner très copieux le lendemain matin, compris dans le prix de la chambre !
Puis nous nous rendons sur un bon spot afin de commencer le stop en direction de la Finlande. Sur le chemin, juste devant l’hôtel, nous rencontrons Philippe, un jeune Polonais qui se rend au Cap Nord en auto-stop. Philippe a mit seulement une semaine pour venir de Pologne jusqu’ici, et compte retourner chez lui après avoir vu le Cap Nord. Nous restons un moment à discuter avec lui avant de partir dans le sens opposé.
Nous trouvons une voiture après seulement 15 minutes, qui nous conduit à Karasjok, capitale Sami. Le peuple Sami est un petit peuple qui vit entre la Norvège, la Suède et la Finlande (en France, nous avons tendance à les appeler les Lapons). Mais la majorité de ces habitants du Nord vit à Karasjok. Et il est vrai que lorsque nous nous baladons dans les rues de cette petite ville, nous croisons des visages beaucoup plus typés que d’ordinaire.
Nous ne restons vraiment pas longtemps dans cette ville où la seule attraction touristique est en réalité le parlement Sami, que l’on va voir uniquement par curiosité.
Puis, il est enfin temps pour nous de faire du stop une dernière fois dans ce merveilleux pays qu’est la Norvège. Nous passons la frontière Finlandaise avec des images et des superbes souvenirs encore plein la tête, en espérant que l’on pourra retrouver aussi bien par la suite ! Mais rien n’est moins sûr…