A la sortie d’Hiroshima, nous décidons de faire du stop en direction de Mihara, ville située à environ 80km à l’Est d’ici. Nous passons devant le château d’Hiroshima, et nous nous arrêtons pour prendre quelques photos avant de repartir (nous ne le visitons pas car trop cher pour notre petit budget).
Nous marchons plus de 5km afin de quitter le centre-ville et trouver un bon spot pour lever le pouce. Mais alors que nous commençons à chercher un endroit pour s’installer, un Japonnais nous court après pour venir nous parler. Il nous a vu passer devant lui avec notre carton sur lequel est indiqué « Mihara » et il veut nous aider.
Cet homme est vraiment la preuve que les Japonnais ont la gentillesse dans le sang. La notion de respect qui fait partie de leur éducation depuis leur plus tendre enfance, les incitent à aider leur prochain quelque soit la situation, même s’il ne peuvent parfois pas faire grand chose.
Et c’est exactement ce qu’il s’est produit avec cet homme. Ne parlant qu’un anglais approximatif, nous tentons de lui expliquer que nous ne cherchons pas à nous rendre spécifiquement à Mihara, mais plutôt à un endroit où nous pourrons trouver à nous loger, et nous lui montrons notre texte traduit en Japonais, expliquant notre démarche.
Mais nous aurions mieux fait de ne rien dire. Il ne comprend pas vraiment ce que l’on cherche, mais il ne souhaite pas en rester là, malgré notre insistance à lui expliquer que ce n’est pas grave.
Il décide donc de nous emmener à Kure, à une vingtaine de kilomètres au Sud d’Hiroshima afin de rencontrer une de ses amies qui parle anglais et qui pourra mieux comprendre ce que nous recherchons. En route, il passe de nombreux coups de fils, et finit par nous passer quelqu’un au téléphone.
Pensant parler à un de ses amis, nous sommes surpris de découvrir au bout du fil l’Office du Tourisme d’Hiroshima, qui bien sûr ne peut rien faire pour nous, mais tente d’expliquer à notre chauffeur que nous cherchons à dormir chez l’habitant et non pas dans un hôtel. Arrivés à Kure, il nous demande de rester dans la voiture et passe plus d’une demi-heure à téléphoner à des contacts.
Finalement, c’est en pleurs qu’il s’excuse de ne rien pouvoir faire pour nous. A ce moment-là, nous ne savons vraiment pas comment réagir ! Nous sommes montés avec ce Japonais en pensant nous retrouver à Mihara ce soir, et nous voici finalement à Kure, dans les hauteurs de la ville où il n’y a pratiquement pas de maisons, et avec un Japonais en pleurs qui vient de passer presque deux heures à essayer de trouver une solution qui n’existe pas. Et comme nous avons du mal à nous comprendre, il est très dur de le consoler ! Nous le remercions du mieux que nous pouvons pour toute l’aide qu’il a voulu nous apporter, puis nous partons à la recherche de maisons alors que la nuit arrive déjà.
Le problème c’est que dans cette partie de la ville, toutes les maisons sont entourées de portails infranchissables, avec une sonnette. Mais l’expérience nous a apprit que lorsque l’on ne peut pas parler à nos interlocuteurs face à face, ils ont trop peur pour nous ouvrir la porte. Surtout maintenant qu’il fait nuit noire maintenant.
Nous n’essayons donc même pas les sonnettes, et décidons de demander aux personnes rencontrées directement dans la rue. Les deux premières ne semblent pas comprendre notre demande, malgré le mot traduit en Japonais. Mais par chance, nous finissons par rencontrer Mazahiro, torpilleur dans la Navy qui accepte de nous emmener chez lui.
Il est complètement fou et ne parle pas anglais, mais il tient tout de même à nous recevoir comme il se doit et nous offre à manger une quantité impressionnante de nourriture.
Malheureusement, l’armée semble avoir eu un sacré impact sur lui, et on a l’impression d’être avec une véritable pile électrique. Tout ce qu’il fait ou dit est brutal et saccadé, comme s’il continuait à s’adresser constamment à ses chefs. Et il ne cesse de nous répéter « OK » durant toute la soirée, sans doute le seul mot anglais qu’il connait.
Lorsqu’il commence à abuser un peu trop de la bouteille, nous partons nous coucher. Il n’y a pas beaucoup de place dans son petit appartement, nous avons donc installé notre tente sur la terrasse. Heureusement, elle est auto-portante et ne nécessite pas d’être plantée dans la terre !
La nuit est chaude et courte. Le matin, Mazahiro part travailler tôt, nous nous levons donc à 5h30 afin de partager avec lui un petit déjeuner avant de repartir sur la route. Nous faisons du stop à l’entrée d’un tunnel, et malgré l’heure matinale nous trouvons une voiture en quelques minutes.
Il s’agit d’un couple qui ne parle pas anglais. Mais visiblement très religieux, ils passent une bonne partie du voyage en direction de Mihara à entonner un chant traditionnel Shintoïste répété en boucle. L’homme et la femme se complètent avec aisance et le chant est très reposant. Au bout d’environ une demie-heure, tous deux s’inclinent dans la tradition Shinto avant de mettre fin à leur chant.
Ils nous déposent à Mihara, et malgré notre insistance pour refuser l’argent qu’ils souhaitent nous donner pour manger, ils parviennent tout de même à glisser un billet dans nos mains et à partir sans que nous ayons pu leur rendre…c’est la première fois que nous acceptons de l’argent, mais ils ne nous ont pas vraiment laissé le choix !
Nous restons très peu de temps à Mihara, et nous marchons un moment afin d’attendre l’insertion d’autoroute menant à Okayama où nous sommes attendus ce soir par un hôte « Couchsurfing ».
On attend très longtemps, et on change plusieurs fois de spot avant de trouver une voiture. Et quelle voiture ! Il s’agit d’une vieille Toyota de collection conduite par Koji, le Japonais le plus fou que nous ayons jamais rencontré.
Il faut savoir qu’au Japon, les vacances c’est sacré. La plupart des Japonais ont très peu de vacances, et la majorité d’entre eux ne les prend jamais, par peur d’offenser ou de déplaire à son patron. Car au Japon, le patron décide de tout et les employés le respecte en lui obéissant au doigt et à l’œil. Certains Japonais nous ont raconté que si un patron décide que tous ses employés doivent avoir une voiture blanche, chacun doit s’exécuter. Si le patron décide d’aller manger au restaurant le soir, les employés doivent le suivre même s’ils ont autre chose de prévu ou si les femmes les attendent à la maison. De même, les employés ne partent jamais du travail avant le patron, même s’ils ont finit toutes leurs tâches du jour.
Koji fat partie de ces employés, et pour la première fois de l’année (nous sommes au mois d’Octobre) il a enfin décidé de prendre un jour de congé afin d’aller faire du vélo dans les montagnes. Mais plutôt que de passer son seul jour de repos à faire quelque chose qu’il aime, il décide de nous conduire directement à Okayama, alors que ce n’est absolument pas sa route, et que par conséquence il n’aura pas le temps de faire du vélo.
Nous essayons de l’en dissuader, mais c’est une vraie tête de mule ! Et c’est sous ses éclats de rires (qui sortent d’on ne sait où, pour des raisons que l’on ne comprend pas toujours), que l’on se dirige donc vers Okayama.
Avec lui, nous commençons à comprendre que l’auto-stop au Japon fonctionne exactement de la même manière qu’en Corée du Sud. Les asiatiques ne savent pas vraiment en quoi ça consiste, mais lorsqu’ils aperçoivent des touristes blancs sur le bord de la route avec un panneau indiquant le nom d’une ville, ils font tout pour essayer de nous aider, sans comprendre que l’on ne demande pas un taxi, mais simplement à partager l’espace dans une voiture qui se rend réellement dans cette direction. Mais pour eux, c’est comme ce qu’ils ont déjà pu voir dans les films américains, et ils sont complètement excités à l’idée de pouvoir observer ça dans leur propre pays et surtout de pouvoir y participer.
En fait, ils sont vraiment beaucoup TROP gentils !
En chemin, non content de perdre sa seule journée de vacances pour nous, Koji décide de nous inviter en plus à un restaurant traditionnel Japonnais. Ce sera sans doute l’un des meilleurs de tous ceux que nous ferrons dans le pays ! L’intérieur est minuscule et l’on doit se serrer pour manger. Mais quel régal ! Au menu : un bol de ramens (rien à voir avec les ramens lyophilisés que l’on devait manger dans le transsibérien), du riz et du poulet fris. Ça ne paraît pas grand-chose comme ça, mais ce repas est un véritable délice !
C’est donc le ventre bien remplit que Koji nous dépose dans le centre d’Okayama avant de repartir chez lui. Peut-être aura-t-il le temps de faire du vélo après tout…
Après une petite photo souvenir, nous nous rendons à l’office du tourisme où nous retrouvons notre hôte de ce soir : Shinji, qui vient nous chercher avec deux de ses amis. Comme son appartement est apparemment assez loin, ils louent des vélos pour nous (sortes de Vélib’). Quelle galère de rouler avec nos sacs à dos qui gênent nos mouvements ! Et vu la distance que nous parcourons, nous aurions largement préféré le faire à pied ! Mais qu’importe. Nous rejoignons notre logement pour deux soirs avec Shinji, qui ne parle pas très bien anglais et qui est très timide.
Il vit un peu à l’extérieur de la ville, dans un quartier situé en bord d’une petite rivière, vraiment très joli !
Nous passons une partie de l’après-midi dans son appartement (dénué de table, chaises et canapé comme à l’accoutumé dans ce pays où il n’y a souvent pas assez de place pour se meubler) à essayer de discuter. Mais Shinji est vraiment beaucoup trop timide et nous ne parvenons pas à échanger beaucoup de paroles. C’est dommage car il semble vraiment gentil.
Comme c’est un étudiant, il part en cours vers 18h, et nous passons la soirée avec sa petite amie Chisa, beaucoup moins timide et avec qui nous passons un excellent moment. Nous cuisinons des crêpes que nous mangeons avec Shinji à son retour vers 21h.
Nous passons une soirée très calme avec ce couple très sympathique, et le soir nous déposons nos matelas à côté de son lit dans le studio.
Le lendemain, après nous avoir préparé un petit déjeuner à base de soupe Miso (on commence à être habitués à manger ça au petit déjeuner, mais ce n’est pas pour autant qu’on aime ça !) et de riz, il part en cours alors que nous partons visiter la ville.
Le problème de cette ville, c’est que tout y est payant. Et pour nous, les économies sont très importantes, il faut donc faire un choix. Nous ne visitons donc pas les jardins Korakuen, mais nous payons environ 6€ pour deux afin de visiter le château.
Si l’extérieur du château est vraiment très impressionnant, l’intérieur n’est pas exceptionnel, et on regrette beaucoup d’avoir payé pour le visiter.
En effet, le château d’Okayama, comme la plupart des châteaux au Japon, ne sont pas des originaux. Ils ont été détruits ou brûlés par les américains pendant la seconde guerre mondiale et reconstruits par la suite (la plupart du temps en béton). A Okayama, seules deux des tours de guet sont d’origine et aujourd’hui classées « Bien culturel important ».
L’intérieur du château a été aménagé en musée, où rien n’est traduit en anglais. Nous n’y restons pas longtemps et ressortons assez déçus.
A défaut d’un intérieur typique de château, nous avons au moins l’occasion d’avoir une vue panoramique sur la ville d’Okayama.
A notre sortie, des volontaires nous obligent à visiter les expositions d’art contemporain construites dans le parc du château. On n’y comprend pas grand-chose…mais au moins c’est gratuit !
Dans le parc, nous avons également la chance d’apercevoir une quantité impressionnante d’oiseaux, que l’on peut approcher sans problème afin de prendre de jolies photos souvenir !
A la sortie du parc, nous passons devant un quartier résidentiel situé autour d’un lac, en plein centre-ville ! C’est vraiment impressionnant, et on ne verra sans doute pas ça partout !
Puis, nous nous rendons une fois de plus dans une salle d’arcade, où pour la première fois nous nous laissons emporter par le jeu.
Heureusement nous ne dépensons qu’un euro à chaque partie et après quelques minutes à essayer d’attraper des paquets de gâteaux et autres cochonneries sans résultat, nous reprenons notre chemin en direction de chez Shinji.
Le soir, lui et Chisa nous invitent dans un restaurant chinois où ils achètent plusieurs petits plats à se partager.
Nous passons une nouvelle soirée tranquille devant la télé, et le lendemain matin, après avoir remercié notre hôte pour ce qu’il a fait pour nous, nous nous dirigeons vers la sortie de la ville afin de prendre la direction de notre prochaine destination : Himeji.
Mais comme il fait plus de 28 degrés, et que la sortie de la ville est beaucoup trop loin, nous sommes contraints d’essayer le stop en plein milieu d’Okayama. Et bien entendu, dans ce cas là, l’auto-stop ne marche absolument pas, puisque la plupart des automobilistes restent dans la ville. Nous attendons plus de 30 minutes sans résultat. Ça ne paraît pas beaucoup, mais il ne faut pas oublier que nous sommes au Japon, et que pour un pays comme ça il est très rare d’attendre plus de 5 minutes ! Nous changeons plusieurs fois de spot, jusqu’à ce qu’une femme s’arrête à côté de nous alors que nous nous dirigions vers un nouvel endroit. Elle ne va pas très loin, mais propose de nous emmener à la sortie de la ville. Finalement elle ferra plus de 15km pour nous, et nous offrira même des croissants !
Alors que nous nous reposons pour manger un moment, une autre femme s’arrête de nouveau d’elle-même afin de nous proposer de nous amener plus loin !! Elle nous dépose à environ 30km avant Himeji, sur une petite aire d’où nous trouvons très rapidement une nouvelle voiture qui nous dépose directement dans le centre d’Himeji !
La ville est vraiment très intéressante, dominée par un magnifique château. Ce château est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO, et fait partie des douze seuls châteaux Japonais dont les donjons en bois sont d’origine.
Malheureusement, le prix d’entrée est de 10€ par personne ! Nous ne pouvons donc pas le visiter, et nous regrettons d’avoir gâché de l’argent pour celui d’Okayama, plutôt que d’en sauvegarder pour ce château authentique.
Le parc du château est également magnifique, et nous nous y reposons avant notre rendez-vous avec Hiroyuki, notre hôte Couchsurfing, qui n’est fixé qu’à 21h30.
Finalement, il n’arrive qu’à 21h45 et nous conduit directement chez lui, à 40km au Nord d’Himeji. Il est vraiment étrange et ne nous parle pratiquement pas durant tout le trajet. Comme il est prof dans une école de garçons, il vit dans une maison de fonction dans l’enceinte de l’école. Dés notre entrée dans la maison, nous apercevons des cafards traverser le hall d’entrée…
Hiroyuki ne nous adressera pas la parole de toute la soirée, et lorsque nous essaierons de faire connaissance avec lui, il nous demandera d’aller prendre notre douche…nous passons donc la soirée de notre côté, et le lendemain matin, pas de petit déjeuner mais il propose de nous emmener sur la route pour faire du stop en direction de Kobe. Malheureusement il n’écoutera pas notre besoin d’être sur la bonne route, et préférera nous déposer en direction d’Himeji, insistant pour qu’on y retourne avant de partir vers Kobe, même si nous n’en avons absolument pas envie.
Il part directement après nous avoir déposé, et nous devons marcher un moment afin de trouver une route en direction de Kobe. Ce n’est pas une route directe, mais au moins nous n’avons pas besoin de retourner à Himeji, où nous serions bloqués !
Il y a vraiment très peu de voitures sur cette route, et nous attendons un moment avant qu’un homme ne décide enfin de nous emmener à l’insertion d’autoroute la plus proche. Mais sur ce spot les voitures se font encore plus rares, et au bout de quelques minutes nous sommes chassés de notre place par le personnel du péage, et nous sommes obligés de faire du stop sur une zone absolument pas favorable pour nous, où les voitures peuvent à peine s’arrêter.
Il nous faut un très long moment avant de pouvoir décoller d’ici. C’est une femme qui ne va pas jusqu’à Kobe mais qui insiste pour nous conduire à une gare. Elle porte un costume très chic et ne conduit qu’à une seule main habillée d’un gant.
Elle nous dépose à la gare de Sensa, à environ une quarantaine de kilomètres de Kobe. De là on trouve presque immédiatement une voiture. C’est un homme qui ne va pas non plus à Kobe mais qui tient malgré tout à nous aider au maximum. Il nous emmène donc à un centre commercial situé entre les territoires de Sensa et Kobe, où trouver une voiture sera sans doute plus simple. Le problème c’est qu’au Japon, les villes sont vraiment très étendues, et même si on se trouve encore à 30km du centre-ville, on est déjà dans la ville de Kobe ! Les automobilistes ne comprennent donc pas pourquoi notre panneau indique Kobe, alors que nous y sommes déjà ! L’auto-stop est donc très compliqué.
Une femme s’arrête pour nous donner un paquet de gâteau ainsi que deux bouteilles de thé froid japonais. Mais nous les donnerons à notre chauffeur puisque nous détestons vraiment ça !
La femme qui nous emmène finalement à Kobe, après plus d’une heure d’attente, reçoit sur le chemin une alerte sur son téléphone indiquant qu’un tremblement de terre est sur le point d’arriver ! D’abord vraiment stressés par cette nouvelle, nous sommes finalement rassurés lorsque que nous sentons très légèrement le sol bouger sous la voiture, mais pas assez fort pour causer le moindre dégât. Le tremblement de terre s’est produit à 150km au nord d’ici, dans les dunes de sables de Tottori avec une magnitude de tout de même 6,2, blessant très légèrement 8 personnes et provoquant plusieurs incendie dans la région de Tottori !
Comme le Tsunami en Corée du Sud, on l’a échappé belle !
C’est donc en un seul morceau que notre chauffeur nous dépose dans une gare à 3km du centre-ville de Kobe, que nous rejoignons à pieds.
Désormais, fini les petits villages traditionnels dans la campagne japonaise, nous venons d’entrer dans le « Keihanshin », conurbation regroupant les villes d’Osaka, Kobe et Kyoto, qui fait partie des régions les plus productives au monde avec un PIB de 341 milliards de dollars, pour 19,34 millions d’habitants et une superficie de 13 033km².
Ça promet de beaux gratte-ciel en perspective !
que de merveilleux souvenirs, nous avons nous aussi adoré ce magnifique pays et la gentillesse de son peuple;