A la sortie de Kyoto, nous reprenons la route en direction d’une autre très grande ville japonaise : Nagoya, que nous rejoignons grâce à trois voitures différentes. Nous sommes déposés à la gare de Nagoya dans l’après-midi, où Kyoko, notre hôte Couchsurfing de ce soir vient nous rejoindre. Avant de nous rendre chez elle, elle nous propose de visiter un peu la ville. Nous prenons donc le train pour nous diriger un peu à l’extérieur de la ville, où nous passons un moment à visiter un Sanctuaire Shinto.
Il n’est pas exceptionnel mais Kyoko nous apprend plein de choses sur la façon de prier, et de se comporter dans un Sanctuaire.
Elle paye pour nous un « Omikuji » : une prédiction écrite sur des bandes de papier que l’on tire au sort dans une boite après l’avoir secouée. L’Omikuji nous permet de savoir si nous avons des chances de voir nos rêves et nos projets se réaliser, si nous aurons la santé, la fortune etc… Lorsqu’il s’agit d’une mauvaise prédiction, comme pour Florine, il faut attacher le papier sur un pin se trouvant près du sanctuaire pour conjurer le sort.
Après la visite du Sanctuaire, Kyoko nous fait découvrir une autre facette de la culture Japonaise : les « Purikura ». Il faut savoir que les Japonais ont très peu de moments de détente, à cause de leur travail et de l’entretien de la maison qui leur prend la quasi-totalité de leurs temps libres. Alors, quand ils veulent s’amuser, il faut que ce soit quelque chose de rapide, et surtout de totalement déjanté, comme pour rattraper tous les amusements qu’ils n’ont pas le temps de faire. Les Purikura sont une parfaite démonstration de ce procédé.
Il s’agit de cabines que l’on peut trouver dans les salles d’arcades japonaises (et même parfois dans les gares, les parcs d’attraction etc…), où les japonais, les jeunes filles principalement, viennent se prendre en photo. On pourrait croire à un simple photomaton, mais c’est en fait beaucoup plus que ça. Les gens y viennent à plusieurs, parfois tous déguisés de la même façon (déguisements que l’on peut d’ailleurs louer directement si besoin), afin de prendre des photos qui seront ensuite retouchées à la main via un écran tactile. On peut y ajouter toutes sortes de fantaisies : des dessins d’animaux, des étoiles, des cœurs, des oreilles de lapin etc…On peut également créer le contour de la photo et y ajouter du texte. Les possibilités sont infinies. Les photos retouchées sont ensuite imprimées sur du véritable papier photo.
Au Japon, beaucoup de jeunes filles se promènent partout avec leur album photo Purikura afin de les montrer et les échanger avec leurs amies !
C’est sans doute la seule fois de notre vie que nous essayons cette activité typiquement japonaise et totalement déjantée, mais au moins, on aura bien rigolé avec Kyoko !
Après cette séance photo, Kyoko nous emmène chez elle, et nous faisons la connaissance de son mari Anglais : Henry. Et si pour Julien, le Japon est sa caverne d’Ali Baba pour les jeux vidéos, pour une fois c’est Florine qui va passer une soirée dans son propre monde. En effet, la tante d’Henry n’est autre que l’une des meilleures amies de J.K.Rowling, l’écrivaine d’Harry Potter ! Henry a déjà eu l’occasion de la rencontrer quatre fois, et a même son autographe posé en évidence dans le salon !
On apprendra même que son nom de famille a été utilisé par J.K.Rowling pour nommer l’un des personnages secondaires du livre, et que la jeune sœur d’Henry avait d’abord été choisie par J.K.R pour jouer le rôle de Ginny Weasley à l’écran, mais que suite a un déménagement imprévu ils ont choisis l’actrice que l’on connaît aujourd’hui.
Nous passons donc une soirée entière autour du thème d’Harry Potter dans la joie et la bonne humeur avec ce couple vraiment très charmant. Après un très bon repas Européen (comme nous n’en avons pas mangé depuis des mois !) préparé par Henry, nous regardons même un des films Harry Potter avant d’aller nous coucher.
Le lendemain matin, nous avons également droit à un petit déjeuner purement Européen (du sucré au lieu du salé habituel dans les pays asiatiques). Malheureusement, nous ne pouvons rester une nuit de plus chez eux. Mais Kyoko a gentiment contacté ses parents afin que ceux-ci puissent nous accueillir à Toyohashi, à environ 80km de Nagoya. Nous voulons d’abord continuer à visiter la ville, nous n’irons donc que le lendemain. Après une petite séance de piano à quatre mains vraiment très jolie, Kyoko et Henry nous raccompagnent à la gare afin de retourner dans le centre.
Nous avons vraiment passé un excellent moment avec eux, plongés au cœur de l’étonnant mélange des cultures Japonaises et Anglaises ! Nous aurions vraiment aimé que cela dure beaucoup plus longtemps.
Nous retournons donc dans le centre-ville à pied, où nous passons la journée à nous balader dans les boutiques de jeux-vidéos et les arcades commerciales.
Nous avions prévus de planter la tente dans le parc du château le soir, mais on ne sait pas trop pour quelle raison, ce soir là le confort nous manque déjà et nous décidons donc finalement de prendre une chambre d’hôtel pour une nuit (les prix des hôtels au Japon sont quand même très raisonnables).
Le lendemain, bien reposés par notre chambre privée (les chambres privées sont parfois presque moins chères que les lits dans les dortoirs…) nous partons en direction du château de Nagoya, où nous voulions à la base planter la tente la veille. Mais nous comprenons rapidement que nous avons sans doute eu un éclair de génie en prenant une chambre d’hôtel, puisque nous ne pouvons même pas à accéder au parc du château sans payer ! Et le prix est assez conséquent. Malheureusement nous ne pouvons pas non plus prendre de photos du château, puisque celui-ci n’est absolument pas visible de la route !
Nous repartons donc l’appareil photo vide, et nous nous arrêtons sur une insertion d’autoroute afin de commencer le stop en direction de Toyohashi, où les parents de Kyoko nous attendent ce soir. Mais nous attendons un moment avant de trouver une voiture, et la situation n’est vraiment pas agréable, puisque nous nous trouvons en pleine ville. Et au Japon, même si les Japonais nous prennent très facilement en auto-stop, ils ne savent pas vraiment de quoi il s’agit, et il n’est pas rare que les gens qui nous croisent dans la rue nous prennent en photo ou nous montrent du doigt en rigolant. La plupart du temps ça reste supportable, mais ce jour-là, il y a vraiment beaucoup trop de monde à sortir son appareil photo où à s’arrêter de l’autre côté de la rue en groupe pour nous observer en rigolant. Certaines voitures ralentissent même devant nous pour ouvrir la fenêtre et prendre une vidéo ! C’est vraiment insupportable et nous sommes vraiment heureux de pouvoir enfin trouver une voiture après presque une heure d’attente. L’homme ne va pas très loin, mais sur le chemin il nous offre très gentiment à boire et des petits sandwich dans un café !
Puis il nous dépose sur une nouvelle insertion d’autoroute à Toyota, où nous montons au bout de quelques temps dans une camionnette conduite par deux agents forestiers complètement fous. Après avoir apprit que nous sommes français, l’un d’eux ne cessera de crier « Cocorico » à tout bout de champs. Et comme on ne peut pas vraiment parler (puisque la plupart des Japonais ne parlent qu’un anglais approximatif), ce sera l’une des seules paroles du voyage…
Ils nous déposent directement à la gare de Toyohashi, où nous avons rendez-vous avec Shoko, la mère de Kyoko. Elle ne parle pas non plus anglais (du moins au début, sans doute par timidité), mais semble d’une extrême gentillesse. Elle nous conduit chez elle, à environ 30min du centre de Toyohashi, dans une immense maison traditionnelle japonaise (au moins 250m², très rare pour le Japon!), où nous faisons la connaissance de son mari Mitsu.
Mitsu, qui parle un peu anglais, nous raconte que la maison a été construite en trois fois : les deux premières parties ont été construites par son beau-père, la première il y a 50 ans et la deuxième il y a 30 ans, et la dernière partie a été construite par lui même il y a 20 ans. La maison est incroyable ! La partie qui date de 50 ans est entière faite avec des panneaux en bois typiques du Japon.
On y trouve des pièces entières recouvertes de tatamis et dédiées à la prière, ainsi que des objets anciens de la culture japonaise vraiment extraordinaires ! C’est la première fois que nous rentrons dans une maison si typique, et nous en sommes vraiment heureux ! La découverte nous émerveille vraiment.
Nous passons la soirée avec eux autour de la table, à manger des quantités astronomiques de viande, de légumes, de pain, de fromage etc…sur une sorte de plancha. Il y en a au moins pour 10 personnes ! Mais c’est un tel régal que nous mangeons beaucoup plus que notre estomac veut bien supporter !
Shoko et Mitsu sont vraiment adorables, et même s’ils ne parlent pas un très bon anglais, nous passons une soirée vraiment exceptionnelle. Ils nous font essayer les Kimonos qu’ils portaient il y a 40 ans à l’occasion de leur mariage, et qui servent aujourd’hui uniquement lors de grandes occasions !
Nous n’arrivons pas à imaginer la chance que nous avons à ce moment là, de porter des Kimonos authentiques que l’on ne trouve pratiquement nul part aujourd’hui (et certainement pas pour les touristes !).
Le soir, nous avons droit à une immense chambre rien que pour nous, et nous nous endormons avec encore en tête la magnifique soirée que nous venons de passer.
Le lendemain matin, Mitsu est déjà partit au travail, et c’est avec Shoko que nous partageons un petit déjeuner copieux (et entièrement salé bien sûr, comme partout en Asie ! Avec du riz, des saucisses etc…un vrai repas complet ! Et quand même un peu de pain pour nous faire plaisir !)
Puis Shoko nous dépose sur la route en direction de Shizuoka où nous avons un hôte Couchsurfing pour ce soir. Nous aurions vraiment adoré rester plus longtemps avec eux, mais ils ne nous l’ont pas proposé et nous ne réclamons jamais plus que ce que les gens ont déjà la très grande gentillesse de nous offrir !
Nous nous installons devant une station essence, où les employés semblent vraiment intrigués par notre pouce levé. Ils viennent nous voir par curiosité, et décident de nous aider à trouver une voiture en demandant d’eux-même aux personnes qui s’arrêtent à la station ! Cinq minutes plus tard une fille vient nous voir pour nous proposer de nous conduire un peu plus loin. Sa voiture ne nous inspire absolument pas confiance, mais nous acceptons quand même. Finalement nous revoyons nos à priori à la baisse, puisqu’elle est vraiment gentille, mais tout de même un peu folle (et ne parle pas un mot d’anglais).
Au bout d’un moment, elle se fait malheureusement arrêter pour excès de vitesse (pour à peine quelques kilomètres-heures de trop) et doit payer une amende. C’est amusant de voir que sur toutes les voitures prises durant notre voyage, nos chauffeurs se sont fait arrêter uniquement deux fois par la Police. Et les deux fois, cela s’est passé au Japon, dans le pays le plus respectueux au monde !! (La première fois pour un panneau stop grillé à Kyoto).
Elle nous dépose sur une aire d’autoroute à Iwata, où nous trouvons au bout de 45 minutes une voiture qui nous dépose directement à Shizuoka. L’homme ne veut au départ pas parler avec nous, mais au fur et à mesure les choses s’arrangent et il se prend même en photo avec nous avant de nous déposer à la gare.
Comme nous avons plus de deux heures à attendre avant notre rendez-vous avec notre hôte de ce soir, nous nous rendons à l’observatoire afin d’aller voir le Mont Fuji, le point culminant du Japon. Le mont est tellement grand que nous avons commencé à l’apercevoir à plus de cent kilomètres de distance ! Mais Shizuoka est sans doute l’un des meilleurs endroits pour l’observer (comme de toute façon à cette époque de l’année, l’ascension du Mont est fermée).
Et effectivement, de l’observatoire, nous avons une très belle vue sur le Mont Fuji, vraiment magnifique !
Nous restons pour observer le coucher de soleil sur le Mont et la ville avant de redescendre rejoindre notre hôte.
Nous rencontrons Kenneth, un américain, à la gare. C’est un clown professionnel (et accessoirement également professeur d’anglais) totalement dans son monde excentrique, mais très drôle. Il nous emmène dans un parc où nous restons un moment à discuter dans le noir. Il nous explique tout de son personnage de clown et nous parle du festival de rue qui commence demain dans la ville et dont il fait partie.
Il veut nous emmener à la rencontre des artistes du festival, mais bien sûr nous n’avons pas l’autorisation d’entrer comme nous n’en faisons pas partie, et avec nos gros sacs de toute façon, on est bien contents de ne pas y aller ! Kenneth nous emmène à la place dans un cours de Japonais réservé aux étrangers venus s’installer dans la ville. On ne comprend pas très bien ce qu’on fait ici, surtout qu’on dérange totalement le cours puisque tous les élèves (6 au total) ne s’intéressent plus qu’à nous et nous posent plein de questions sur notre voyage. Ils veulent savoir tous les endroits où nous sommes allés, veulent prendre plein de photos etc…Au final quand le cours se termine, il n’a pas été question de Japonais une seule fois !
Après le cours, Kenneth et son Edwin nous invitent à un restaurant Italien. Ils commandent des quantités de plats impressionnants (pizzas, pâtes, salades etc.) qu’on partage. On passe vraiment un très bon moment !
Puis nous allons enfin chez Kenneth (en Taxi puisqu’il n’a pas de voiture) et nous dormons dans le salon sur des futons. On commence à s’y faire et c’est assez confortable !
Le lendemain matin, Kenneth nous emmène dans un café prendre le petit déjeuner et faire une interview sur nous, qu’il souhaite montrer à ses élèves. On parle donc devant la caméra de notre voyage, et il nous pose plusieurs questions sur la meilleure façon de faire de l’auto-stop, sur notre façon de frapper aux portes pour demander l’hébergement etc…Le midi il commande des sandwich puis on rentre chez lui.
Il nous accompagne ensuite à pied en direction de l’insertion d’autoroute, où nous lui disons au revoir avant de reprendre le stop. Et cette fois, on sent la fin du Japon approcher, puisque c’est en direction de Tokyo que nous partons, notre dernière ville du pays avant de découvrir de nouveaux horizons !
Malheureusement on mettra l’après-midi entière à rejoindre Tokyo, pourtant pas si loin que ça. C’est sans doute la journée de stop la plus compliquée du Japon ! Surtout qu’on ne trouve pas vraiment de bon spots pour s’installer. Heureusement nous n’avons rendez-vous qu’à 21h30 chez notre hôte, mais la nuit tombe dés 17h et il est difficile de continuer à lever le pouce dans ces conditions.
Mais finalement, après avoir prit deux voitures, c’est un camion qui finit par nous emmener directement à destination ! Nous ne nous rendons pas à Tokyo tout de suite, mais plutôt à Kawasaki à quelques kilomètres de la capitale.
Nous sommes impatients de découvrir cette ville hors normes dont les images que l’on peut trouver dans les médias nous préparent déjà à un choc culturel vraiment différent de tout ce qu’on a pu voir jusqu’à présent. Et surtout très différent du reste du Japon, beaucoup plus tourné vers les coutumes ancestrales que sur les nouvelles technologies !